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Interview de Patrick Vincent, directeur de l’Esa d’Angers
« Il devient nécessaire de diffuser nos savoirs à l'étranger »

FLD : Quelle est votre vision de l'enseignement dans les années à venir ?

PATRICK VINCENT : Tous les organismes de formation constatent un changement des relations de l'enseignant avec les étudiants. Ces derniers se sentent de plus en plus autorisés à donner leur opinion. Le jugement porté sur l'enseignement aux Etats-Unis devrait arriver aussi en France. Les instituts de recherche et de formation commencent à le prendre en compte. Parallèlement, avec l'évolution de la technologie informatique, les cours magistraux diminuent et s'équilibrent avec les travaux dirigés, le travail en réseau. Les recettes toutes faites n'existent plus. L'exploitation agricole, devenue un système complexe, met au défi l'enseignant d'aujourd'hui de former l'élève aux différents modes de production. Il devient nécessaire aussi de parfaire ses savoirs à l'étranger et de diffuser les nôtres au-delà de nos frontières. L'international devient incontournable. Le futur ingénieur y passe six mois et le futur technicien trois semaines. Les besoins des employeurs changent aussi et veulent des étudiants très adaptables. Toutefois le plus grand bouleversement viendra de l'enseignement à distance, nécessaire pour apprendre tout au long de sa vie professionnelle.

FLD : Comment cet enseignement à distance peut-il évoluer ?

P. V. : Face aux besoins, nous sommes capables de dispenser nos cours sur le net ou en visioconférence, en français mais peut-être bientôt en anglais. Cela peut surprendre, mais nous constatons que des producteurs de pays africains par exemple n'ont le choix qu'entre une production ancestrale ou industrielle. Nous, nous pensons qu'il existe des intermédiaires qu'il est souhaitable de divulguer. Nous sommes en train d'acquérir un véritable savoir-faire dans ce domaine avec nos équipes de recherche comme le Leva(1) et la chaire AEI(2), l'Agriculture écologiquement intensive étant l'une des facettes de l'agroécologie et mettant l'accent sur l'économie. Ainsi, en raison des liens étroits entre chercheurs et entreprises, la compréhension des systèmes agronomiques, complexes, est comparée en permanence avec les observations empiriques du terrain. Les nombreux stages effectués par les élèves permettent aussi de confronter directement les résultats de la recherche dans les exploitations.

FLD : La production végétale devient une composante de plus en plus importante à l'Esa…

P. V. : A l'Esa, toutes les disciplines sont enseignées, toutes les productions mais aussi des sujets plus transversaux comme le marketing, la sociologie. Nous avons depuis l'an dernier une chaire dédiée à ce sujet, sur la mutation agricole. Le BTS horticole qui forme par apprentissage reçoit environ 70 élèves chaque année. La dimension alimentaire dans ce cursus prend de plus en plus d'importance. Face à l'évolution de la production et de la commercialisation des circuits courts, nous avons missionné un enseignant-chercheur sur l'agriculture urbaine, très adaptée à la production de f&l.

(1) Unité de recherche légumineuses, écophysiologie végétale, agroécologie.

(2) La chaire AEI (Agriculture écologiquement intensive), hébergé à l'Esa, a été créée en 2011 avec Agrocampus Ouest, l'Inra, Oniris et trois coopératives (Terrena, Triskalia et Agrial). Le budget injecté par les partenaires est de 1 M€ sur cinq ans.

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