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Production
Hors-sol et vente directe se développent

La production française de fraises s’est stabilisée depuis deux ou trois ans. Mais cela cache des mutations profondes tant du point de vue des techniques de cultures que des modes de commercialisation.

Les producteurs de plants de fraisiers, véritables baromètres de l’activité de la filière fraise, le constatent pour cette année : globalement les volumes de fraises devraient se maintenir au niveau de l’an passé mais toutes les régions ne sont pas au même diapason.
Selon les statistiques officielles d’Agreste, les surfaces de fraises développées hors jardins s’élèvent à 3 000 ha en 2008 générant 43 000 t de production, des chiffres similaires à l’année précédente. Ces similitudes cachent toutefois l’évolution des modes de culture, voire des modes de commercialisation. Dans les régions traditionnelles, la culture hors-sol prend le pas sur les cultures de plein champ. La Bretagne a donné le tempo il y a une quinzaine d’années. En cinq ou six ans, la conduite sur gouttière est devenue la norme. D’anciennes serres de tomates hors-sol sont reconverties en fraise. Les autres régions emboîtent le pas. En Dordogne par exemple, sur les 450 ha de fraisiers aujourd’hui cultivés, 80 ha sont désormais en hors-sol, une évolution récente selon la Chambre d’Agriculture. Cette technique permet des rendements plus élevés et une meilleure régularité tant en productivité qu’en qualité. Aussi dans le Sud-Ouest, les surfaces diminuent mais les volumes restent sensiblement les mêmes. Dans le Sud-Est, la technique s’est aussi développée chez les spécialistes. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, sur les 90 ha de tunnels, près de 35 ha sont désormais en hors-sol. Mais aujourd’hui, il semblerait que ce développement ralentisse comme en région Centre. Ainsi en Sologne, sur les 100 ha de production, 20 ha concernent le hors-sol. Une exception cependant dans l’évolution du paysage fraisier. En Anjou, la technique n’a pas séduit les producteurs. Ils délaissent même la fraise qui, il y a encore quelques années, était un produit phare de la région. Les surfaces auraient baissé de 40 % en dix ans. A Fleuron d’Anjou, 10 ha seulement aujourd’hui sont consacrées à la fraise. « Nos adhérents préfèrent se diversifier dans la mâche ou le radis, cultures plus valorisantes et moins contraignantes notamment en main-d’œuvre », explique Jacky Brechet, responsable technique de la coopérative. Cette année encore, les surfaces vont baisser de 5 à 10 % en raison de départs à la retraite.

Le vent en poupe pour la vente directe
La vente directe reste l’autre évolution marquante de ces dernières années. Ce mode de commercialisation a tendance à se développer dans les ceintures vertes des grandes villes hors des zones de production traditionnelle. Il est très difficile d’appréhender ce type de marché qui ne figure pas dans les statistiques officielles. La production annuelle peut ne pas dépasser quelques mètres carrés chez des maraîchers qui optent pour une diversification maximum de leurs productions ou elle peut ne représenter qu’un pourcentage minime pour un spécialiste de la fraise qui livre ou expédie ses produits en circuit long. Deux régions se distinguent particulièrement, l’Alsace et l’Ile-de-France. Toutes deux produisent essentiellement pour la vente directe, 180 ha pour la première et 57,40 ha précisément pour la seconde.
La vente directe s’est développée depuis les années 80 dans la plaine alsacienne. Ce sont généralement des céréaliers qui consacrent 4 ou 5 ha à la fraise et le plus souvent pour la libre cueillette. Cultivés simplement en plein champ et sans plastique avec des retours fréquents sur la même parcelle, les sols commencent à “fatiguer” en raison du développement des champignons telluriques. Aussi, le hors-sol a été testé pour la première fois sur 1 ha cette année. Elsanta, Darselect et Clery sont les variétés les plus couramment implantées. Dans la plaine parisienne, le hors-sol a conquis les maraîchers qui commercialisent auprès des détaillants, de la restauration gastronomique et pour le haut de gamme puisqu’en quatre ans, il est passé de 3 ha à 17,40 ha. Selon la Chambre d’Agriculture, le potentiel pourrait être de 30 ha dans les deux ou trois ans. Quelques hectares hors-sol sont mêmes dédiés à la cueillette. Les variétés très gustatives sont privilégiées et surtout les remontantes : Charlotte, Cirafine et Mara des Bois. En saison, ce sera Cigaline mais aussi Darselect et Sonata pour les producteurs qui livrent les magasins de proximité.
En dehors de ces deux régions dynamiques, la plupart des grandes villes françaises ont leur ceinture verte et leur production de fraises mais à une échelle beaucoup plus réduite. Bayonne et sa région compte près de 1,5 ha avec trois producteurs ou encore Toulouse 1 000 m2. A Lille, soixante maraîchers produiraient quelques mètres carrés de fraises par an pour les marchés, la vente à la ferme, les magasins de proximité, occasionnant parfois un télescopage momentané. Dans le Vaucluse, tous les exploitants proches des axes routiers ont opté pour de la vente directe. « D’après les contacts que j’ai avec les producteurs, j’ai l’impression que la vente directe se développe », affirme Daniel Izar de la Chambre d’Agriculture. Même impression dans le Morbihan où les ventes à la ferme, sur les marchés et vers les restaurateurs se sont concrétisées depuis une dizaine d’années, explosant il y a cinq ou six ans et stagnant ensuite à près de 3 ou 4 ha. Des surfaces identiques ont été comptabilisées dans le Finistère. Plus au Nord, en Haute-Normandie, les surfaces en vente directe ont tendance à diminuer légèrement pour les producteurs spécialisés. « En revanche, les toutes petites surfaces, de quelques mètres carrés, se développent », souligne Marielle Suirre de la Chambre d’Agriculture. Il en est de même en Isère où l’autocueillette aurait le vent en poupe même chez les producteurs traditionnels. « En termes de trésorerie, cela n’est pas négligeable », constate Céline Mandin de la Chambre d’Agriculture. « La vente directe de fraises a sauvé quelques exploitations », souligne Hervé Henry, conseiller privé implanté dans le Sud-Ouest. Mais la vente directe ne perturbe pas forcément le circuit long. C’est en tout cas le constat de Daniel Lefranc de la coopérative de Phalempin dans le Nord qui estime que les fraises belges ou espagnoles exercent davantage de concurrence.

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