Hong-Kong : et si on ne signait pas ?
“Le tribunal mondial du commerce est entre les mains des multinationales”. Pour Eric de Lucy, le dernier arbitrage de l’OMC sur la banane (cf. p. 2) est révélateur du tropisme de l’organisation genevoise. Les pays ACP ne sont pas loin d’être sur la même ligne. Les dernières réunions sur le sucre et sur la banane, où leur point de vue a été proprement ignoré, ont été très mal vécues par des pays appelés à la rescousse à Marrakech pour sauver le précédent round de négociations. A Hong-Kong, ils n’ont pas l’intention de se laisser manipuler. Et les Européens ? La majorité des gouvernements des 25 sont favorables à la libéralisation des échanges. Et le Commissaire Mandelson, bien que socialiste comme Pascal Lamy le directeur de l’OMC, ne cache pas son intention de signer un accord. Mais les gouvernements doivent aussi tenir compte de leurs peuples, des peuples de plus en plus réticents à toutes ces constructions supra-nationales dans lesquelles ils ne se retrouvent pas. La France a décidé de sortir les barbelés pour protéger une ligne rouge agricole qu’elle entend bien ne pas voir franchir. Les déclarations sont aujourd’hui trop nombreuses pour faire machine arrière. D’autant que la position française semble trouver un écho favorable auprès de plus en plus de pays. Il reste un mois et demi pour parvenir à un accord. Mais à défaut, on peut aussi décider de ne rien signer à Hong-Kong. ça ne bouleverserait pas le cours des choses. Et cela donnerait du temps pour réfléchir aux fonctionnements de tous les “machins” qui sont censés veiller à la bonne marche de la planète.