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Raisin - Nouvelles variétés
“Grain d’avenir” travaille au renouveau du raisin de table

Depuis trois ans, l’association “Grain d’avenir” organise la promotion de nouvelles variétés pour étoffer la gamme de raisin français.

L’association “Grain d’avenir” est née en 2008 et s’est nourrie de plusieurs constats. Fortement concurrencé par les productions étrangères, le raisin de table français se retrouve régulièrement face à des problèmes de commercialisation. A l’automne 2006, après une campagne difficile, la chambre d’Agriculture de Vaucluse a organisé une réunion de crise. L’objectif de cette concertation, à laquelle étaient conviés tous les acteurs de la filière locale, était d’étudier des solutions pour sortir de cette impasse. Dans le courant 2007, la chambre d’Agriculture et le Domaine expérimental La Tapy ont animé une série de rencontres auxquelles participaient les principales OP raisin, leurs responsables et leurs adhérents. Certaines difficultés ont été pointées et des propositions ont été émises. L’une des pistes retenue était la diversification variétale. En 2008, un groupe de travail composé de plusieurs producteurs a été désigné pour passer à l’étape suivante. A l’occasion de Medfel, Jacques Florent, président de l’association et responsable de la commission technique de La Tapy, a longuement expliqué ses motivations au cours d’une table ronde : « Notre association, qui en est à ses balbutiements, veut en priorité fédérer les producteurs (adhérents d’OP ou non) des bassins Sud-Est et Sud autour de la promotion de nouvelles variétés, au-delà des variétés traditionnelles françaises que sont le muscat de Hambourg, le chasselas de Moissac et quelques variétés satellites plus ou moins anciennes. Nous avons beaucoup étudié ce qui s’est passé dans l’hémisphère Sud, en Espagne, en Italie et nous sommes convaincus qu’il y a des opportunités intéressantes pour étoffer la gamme du raisin français, complémenter le panel variétal, avec de nouvelles variétés de types différents ou apyrènes qui nous permettraient d’ouvrir de nouveaux réseaux et de nouveaux marchés. »
Cependant, les obstacles sont nombreux et trois étapes “clé” pas assez encadrées : l’introduction et l’édition de nouvelles variétés étrangères sont laissées à la charge d’initiatives individuelles ou isolées ; l’inscription au catalogue est une démarche longue mais incontournable et pour laquelle il n’existe pas de porteur de projets clairement identifiés ; l’accompagnement du développement de nouvelles variétés ne fait pas l’objet de réflexion concertée ni sur la gestion du potentiel, ni sur sa valorisation commerciale.
« Le raisin de table est confronté à un problème législatif, puisque les règles en vigueur sont celles de la viticulture (raisin de cuve). Si, par exemple, nous trouvons une variété étrangère, mais qui n’est pas inscrite au catalogue, nous sommes face à un véritable parcours du combattant. Nous devons passer par de nombreuses étapes d’expérimentation et il faut attendre, cinq, sept, voire huit ans, pour pouvoir produire, ajoute-t-il. Je sais que l’INRA travaille sur un programme d’hybridation et j’espère que des variétés intéressantes en sortiront. En attendant, nous travaillons sur des variétés existantes, par le biais de contacts avec des hybrideurs d’Afrique du Sud, du Chili et d’Argentine. L’idée est de vérifier leur adaptation à nos terroirs. Peut-être que la création d’un catalogue européen simplifierait les choses. »

De nouvelles variétés déjà sur le marché
C’est ce qui explique qu’au cours des douze dernières années seulement trois variétés ont été mises à disposition des producteurs, mais peinent à trouver leur place sur les marchés. Pourtant le Domaine expérimental La Tapy s’occupe activement du sujet : « Nous avons entre 80 et 100 variétés en observation. Certaines sont prometteuses. Mais il nous manque un maillon. Nous n’avons pas ou très peu de retour sur les attentes du consommateur et de ce qu’il désire pour l’avenir. » Néanmoins, de nouvelles variétés ont été plantées qui devraient commencer à produire cette année et qui seront marketées. « Nous avons retenu trois variétés. L’Italia Rubi, variété rose déjà inscrite au catalogue, qui a été plantée dans le Sud-Est par la coopérative Vitifuits. Une quinzaine de tonnes sera commercialisée sous le nom de Miss Rosali. Vitifruits distribuera, mais dans de moindres proportions que l’Italia Rubi, une autre variété rose sans pépins, dénommé Monsieur Rose. En revanche, le Sud-Ouest mise sur une variété noire sans pépins plus tardive (Belair), venue d’Afrique du Sud qui devrait être inscrite en 2012. Encore sous test commercial, un potentiel de 20 t devrait être commercialisé sous le nom de Monsieur Noir du Sud-Ouest par Boyer à Moissac. Pour l’heure nous n’avons que ces variétés sous la main qui pourront être plantées de manière plus importante dans les années à venir, si le marché se développe et le consommateur présent. »
L’association “Grain d’avenir” a inscrit dans son fonctionnement la maîtrise de l’intégralité de la filière. « Le but de l’association est de réguler les volumes des nouvelles variétés. Le seuil atteint – nous pensons à 300 ou 400 t pour chacune –, nous passerons à autre chose. En fait nous n’avons fait que calquer notre fonctionnement sur des initiatives mises en place par les filières tomates ou pommes, misant sur la diversification et la mise en place de stratégies de communication mutualisées avec la création de marques, le marketing et la promotion. Notre objectif n’est pas d’aller nous frotter aux rouleaux compresseurs que sont l’Espagne et l’Italie. Mais nous sommes persuadés qu’il existe des niches à haute valeur ajoutée pour des produits sortant de l’ordinaire. Nous allons essayer de garantir des prix corrects et incitatifs pour les producteurs car aller sur des niches avec des raisins payés à 1 €, ce n’est pas la peine. » Et pour Jacques Florent, le panel idéal de variétés sortant de l’ordinaire serait « un noir avec pépins et un apyrène, un rose avec pépins et un apyrène, un blanc avec pépins et un apyrène, soit six catégories. Si on y parvient, je suis convaincu que nous serons à même de capter de nouveaux consommateurs. »
Néanmoins, si l’ambition est légitime, l’association devra convaincre la production, encore très traditionaliste dans ses choix variétaux, qui observe avec une grande prudence les résultats commerciaux et économiques de ces premières initiatives.

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