Gilles Vignaud : “Renforcer nos alliances avec les producteurs”
Les détaillants en f&l tiennent leur congrès ce week-end à Toulouse. Entretien avec Gilles Vignaud, président de l’UNFD.
Fld : L’UNFD, en partenariat avec le réseau Le Fruitier, tient son 52 e Congrès National ce week-end sur le thème de l’innovation. Comment les détaillants peuvent-ils être partie prenante de l’innovation dans le secteur des fruits et légumes ?
Gilles Vignaud : Les nombreux changements intervenus au cours de la dernière décennie conduisent à s’interroger sur l’existence d’un nouveau consommateur, sur celle d’une nouvelle consommation et de l’émergence d’un nouveau style de commerce. Le consommateur unique tend à disparaître au profit d’un consommateur fragmenté. Pour intégrer cette nouvelle donne, certains points de vente retiennent l’innovation dans la relation et la fidélisation de leur clientèle, d’autres développent de nouvelles stratégies d’offres en cherchant la différenciation, voire en misant sur de nouveaux concepts.
Mais l’innovation dans notre métier passe aussi par l’optimisation du circuit de distribution nous permettant de nous différencier des produits de la grande distribution. Il nous faut aujourd’hui mieux nous démarquer ; travailler sur la praticité des produits, personnaliser nos services, à nous d’y travailler en partenariat avec la filière. Il est en effet important que nous puissions renforcer nos alliances avec les producteurs qui garantissent indéniablement l’origine du produit et la notion de terroir, attente forte des consommateurs qui sont souvent insatisfaits par une offre trop standardisée. Enfin, je n’oublierai pas de parler du facteur plaisir ; il faut que l’expérience d’achat soit gratifiante, qu’elle procure bien être, amusement et émotion. Autant de thématiques qui seront abordées lors de cette manifestation.
Fld : Vous venez de procéder à la création de l’UNDFL et de l’intégration du SEFAG. Pouvez-vous préciser les contours de cette nouvelle organisation du commerce de détail indépendant ?
G. V. : L’UNFD dont la vocation est de représenter l’offre fruits et légumes à travers toutes les composantes du commerce de détail indépendant s’est engagée dans une refondation de ses structures pour renforcer le poids de ses actions. Elle vient de créer une nouvelle organisation professionnelle, l’Union Nationale des Détaillants en Fruits et Légumes (UNDFL) capable de conduire une politique active de services en direction des commerçants de fruits et légumes à travers tout le territoire. D’autre part, afin de mieux répondre aux préoccupations des commerçants de l’alimentation générale, l’UNFD a intégré au sein de ses locaux le Syndicat de l’Epicerie Française et de l’Alimentation Générale, créé il y a plus de 100 ans.
Fld : Quelle est la place actuelle du commerce de détail indépendant dans le secteur des fruits et légumes ? Est-ce que l’activité s’est stabilisée ? Est-elle en retrait ? Ou bien est-elle en expansion ?
G. V. : Le commerce de détail représente près de 30 % des ventes de fruits et légumes. Depuis deux ans nous assistons à une forte progression des primeurs dont la dynamique se traduit par un point de part de marché de plus entre 2005 et 2006. Sur les marchés, en revanche, les ventes de fruits et légumes continuent de baisser. Rappelons néanmoins que le rapport de branche 2001 dénombrait 13 900 détaillants en fruits et légumes, le rapport de branche 2005 en dénombre 14 100…
Fld : L’UNFD travaille sur un projet de transformation d’anciens kiosques à journaux (à Paris et en Province) pour la distribution de fruits et légumes. Pouvez-vous nous présenter ce projet et ses enjeux ?
G. V. : L’un des freins majeurs à la consommation des fruits et légumes est le manque d’accessibilité physique à l’achat des produits. En effet, il n’y a pas assez de points de vente sur les lieux de vie et les lieux de passage des consommateurs qui sont de plus en plus nomades. Il faut donc inventer de nouveaux modes de distribution.
Le kiosque à fruits et légumes pourrait être une solution permettant de répondre à cette problématique. Conçu comme un kiosque à journaux, ce mode de distribution pourrait être placé à différents lieux de grande fréquentation au cours de la journée et du soir.
Le projet de l’UNFD a été présenté dans le cadre de la Commission Accessibilité d’Interfel présidé par Jean Sales et fait l’objet d’une étude de faisabilité par le CTIFL avant de pouvoir être testé dans une ville pilote. Affaire à suivre.