Fruits d’été : La situation est explosive en Pyrénées Orientales
Les producteurs de pêches et nectarines des Pyrénées Orientales ont montré leur mécontentement en allant, ce matin déverser de la marchandise pour bloquer l’entrée du marché St Charles.
Depuis trois jours les actions se multiplient dans le département. Mardi, c’est à Perpignan Sud que des déversements ont eu lieu. Hier, des distributions de plateaux de fruits ont été organisées au Boulou, alors que visiblement les camions frigos espagnols étaient retenus à la Junquera, côté espagnol.
Chez les responsables professionnels, c’est l’exaspération. « il y en a assez, explique Gérard Majoral, président de la section arbo de la FDSEA 66, de voir la grande distribution et les grossistes réaliser des marges faramineuses, autant sur le dos des producteurs français qu’espagnols. Nous attendons maintenant l’arbitrage de l’Etat pour retrouver un nouvel équilibre, notamment en poussant les enseignes aux ventes au déballage. » Des ventes qui cette fois encore se révèlent décevantes : « les états majors des grandes enseignes sont d’accord sur le principe, explique Pierre Giovanelli, président de l’AOPn pêches et nectarines, mais ce sont les magasins qui ne suivent pas. Peu d’entre eux jouent 100% production française en achetant un peu de notre marchandise et en complétant le rayon avec des pêches espagnoles achetées auprès de grossistes. Par ailleurs, je tiens à souligner un phénomène inquiétant pour notre production : c’est la première fois depuis le début de saison que la pêche française est proposée en promotion depuis le début de campagne. Pour ma part, je pense que c’est ce qui explique le manque d’empressement des magasins à organiser des ventes au déballage pour ne pas casser ces promotions. C’est déroutant, le commerce marche sur la tête. Depuis le 14 juillet, nous traînons des stocks importants et je suis encore plus inquiet pour les 15 jours à venir, car nous savons que des variétés à forts potentiels vont arriver à maturité. Il est urgent de trouver des solutions pour sauver la fin de campagne, car nous n’en sommes encore qu’à la moitié de la récolte.»
Quand à Claude Jorda, président de la FDSEA il ne cache pas sa colère : « nous voulons vivre de notre travail sans être en concurrence avec des gens qui ne respectent pas les mêmes règles que nous. Nous avons rarement connu une telle concurrence sur le marché durant le mois de juillet avec la pêche espagnole, du fait de leur perte de débouchés vers les pays de l’Est. Je déplore l’attitude de certains magasins et certains grossistes qui profitent de cette situation au détriment de la production française. » Le terme coefficient multiplicateur commence à être prononcé dans les PO et le communiqué de la FNPF qui valide le blocage des camions de marchandises espagnoles ne fera pas baisser les tensions : « l’ensemble du bassin maraîcher et arboricole est touché de plein fouet, rajoute Claude Majoral. Il est évident que nous allons vers des actions moins conventionnelles, les deux premières étant axées sur l’information des consommateurs, pour des opérations plus dures qui vont aller crescendo. »