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Face à l'embargo russe, les opérateurs restent vigilants

Stéphane le Foll a reçu les filières touchées par l'embargo russe. L'Europe a débloqué 30 M€ supplémentaires. Les ministres européens ont rendez-vous du 28 au 30 septembre à Milan.

Lors de la réunion exceptionnelle des ministres de l'Agriculture européens le 5 septembre, le commissaire à l'Agriculture, Diacian Ciolos, a confirmé une nouvelle enveloppe de 30 M€ dans des programmes de promotion débutant en 2015 pour lutter contre l'embargo russe. Les programmes devront être déposés avant le 30 septembre. Elle vient compléter les mesures déjà prises (125 M€ pour les f&l et 32 M€ pour les pêches et nectarines). En revanche, Dacian Ciolos a repoussé l'idée des aides de restitution à l'exportation, car elles « ne mènent pas forcément à la progression des quantités exportées mais augmentent les marges de ce qui s'exporte déjà ». Maurizio Martina, ministre italien de l'Agriculture a souligné que les ministres avaient convenu d'« évaluer la possibilité » de mettre en œuvre d'autres financements. Pour l'heure, la réserve de crise (430 M€) prévue par la Pac n'est pas concernée. Les ministres de l'Agriculture européens devraient se rencontrer lors d'une réunion informelle à Milan entre le 28 et le 30 septembre. Le 3 septembre, Stéphane Le Foll avait réuni les filières impactées par l'embargo. « Il est de ma responsabilité de ministre d'éviter l'effondrement du marché, a-t-il martelé à l'issue de la rencontre. L'afflux de produits sur le marché européen aura un impact sur le prix. Il est donc nécessaire d'avoir une gestion européenne du dossier. » Les parties prenantes en sont sorties globalement rassurées mais vigilantes. Le ministre ne s'est pas déclaré favorable à la possibilité d'aides nationales. Il n'a pourtant pas fermé totalement la porte, mais seulement pour des entreprises ayant des difficultés précises et bien identifiées dans une parfaite coordination au niveau européen. Il est prévu une réunion début octobre avec les services de FranceAgriMer et de la DGPAAT pour évaluer, filière par filière, la situation.

Réunion du 3 septembre : ce qu'en dit la filière

Jean-Michel Delannoy (président de Felcoop) : « Il faudra être très vigilant sur les conditions du retrait pour ne pas voir des volumes sous retrait revenir sur le marché. J'ai tenu aussi à rappeler l'épisode de la crise E. Coli pendant lequel la Pologne avait reçu l'essentiel des aides européennes alors qu'elle n'était pas la plus touchée. La France ne doit pas tarder à agir pour profiter de l'enveloppe de l'UE. »

Patrick Trillon (président du Conseil spécialisé f&l FranceAgriMer, président du CNIPT) : « Il faut que l'Etat français se mobilise. Certaines mesures doivent être prises : renforcer la promotion des exportations sur les marchés des pays tiers pertinents, redonner de la consistance au programme “Un fruit à la récré”... Et susciter chez les citoyens français une consommation patriotique. En tant que président du CNIPT, je ne peux que regretter que la pomme de terre ne soit pas dans la liste des produits aidés. Il faudra trouver les moyens d'éviter l'effondrement de ce marché alors que les prix commencent déjà à baisser ».

Eric Guasch (président de l'AFRAA) : « On ne peut que saluer la volonté effective du ministre à agir. Pour notre part, nous considérons que la Russie demeure un marché important pour les exportations françaises. Il faudra réfléchir à un moment sur comment regagner les parts de marché perdues sur cette destination à cause de l'embargo. »

Bruno Dupont (président d'Interfel) : « Ce qui pourra peut-être nous sauver, c'est cette prise de conscience européenne. Et mettre en œuvre toutes les outils à notre disposition, du retrait aux promotions. La filière française a décidé de maintenir sa participation au salon World Food Moscow. Nous serons présents, avec des fruits et légumes en plastique certes, mais nous serons là. Et nous rencontrerons les importateurs russes. »

Les principaux syndicats agricoles étaient présents. Xavier Beulin, président de la FNSEA, s'est exprimé : « Il faut utiliser les leviers disponibles mais le financement ne doit pas se faire uniquement sur le budget de la Pac. Il y a aussi le budget communautaire et les Etats membres. » Pour la Confédération paysanne, « les mesures de retrait ne feront qu'atténuer la crise. (..) Des mesures de régulation des productions doivent s'insérer dans une politique de relocalisation. » La Coordination rurale a « insisté pour qu'aucune discrimination entre producteurs indépendants de f&l et ceux en organisation ne soit mise en place, contrairement à ce qui semble prévu par FranceAgriMer. »

La France, premier fournisseur de la Russie en choux-fleurs et brocolis

Les f&l représentent 5 % des exportations françaises vers la Russie. La France est le premier fournisseur européen de la Russie pour les choux-fleurs et brocolis (15 588 t en 2013), deuxième pour les pommes de terre (10 082 t), oignons et échalotes (4 529 t), quatrième pour les pommes (17 278 t), sixième pour les pêches et nectarines (34 t), septième pour les poires (4 600 t) (sources : Douanes russes via FranceAgriMer).

APCA : une rentrée difficile

« Dans un climat de tensions internationales, avec la Russie, la situation entre Israël et Gaza et l'Afrique touchée par Ebola et la crise économique et politique en France, la rentrée va être très difficile », a déclaré Guy Vasseur, président de l'APCA. A cela il faut ajouter des charges croissantes (coûts des intrants) et, pour les f&l, des stocks et une consommation atone. « Les produits agricoles sont peut-être les nouvelles armes que s'échangent l'Europe et la Russie », a-t-il annoncé. L'APCA souligne que l'embargo russe semble évolutif. « Le gouvernement russe entend ne pas prendre de risque de troubles sociaux directement liés au problème alimentaire. L'embargo devrait avoir peu d'impacts directs sur les f&l français, sauf pour certaines entreprises fortement engagées sur le marché russe ou pour des segments spécifiques (pommes Granny) », estime-telle. En revanche, les effets indirects pourraient être importants : report de marchandises de certains pays européens (Pologne) mais surtout de nouveaux flux commerciaux qui se dessinent, la Russie cherchant de nouveaux fournisseurs. L'APCA s'est aussi félicité des avancées sur la loi d'avenir. Une « loi très pauvre à ses débuts ». Les Chambres ont ainsi milité pour le côté social dans les GIEE dont elles obtiennent la coordination des dossiers. Elles tiendront le registre de l'agriculture en partenariat avec la MSA et elles ont obtenu que « l'obligation de conseil aux agriculteurs pour les Chambres » soit écrite dans la loi. La Commission mixte paritaire rendra son verdict le 11 septembre à l'Assemblée nationale. Une dernière étape avant promulgation de la loi.

A Rungis on s'inquiète mais sans excès

Après un mois d'embargo, il n'y aurait « pas d'impact significatif sur Rungis mais un effet symbolique sur certains commerçants », notent les responsables du marché de gros. Pourtant chez Perez-Lemeunier, Isabelle Dalsoglio, directrice interrogée par l'AFP, s'inquiète : « On va être débordé de marchandises  », en particulier pour les oranges « dont une partie de la production était destinée à la Russie ». Enfin sur les coopérations France-Russie sur les marchés de gros, Rungis participe à un échange technique pour les marchés de gros russes de Saint-Pétersbourg, Moscou et Nijni Novgorod. Or, l'embargo n'aurait pas remis en cause cette coopération « technique » comme le déclare Stéphane Layani, PDG de Rungis.

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