Provence
Face à la demande, la filière amandes se réorganise en interprofession
Devant l'engouement pour les amandes, le groupement interrégional des producteurs renaît avec pour objectif la création d'une nouvelle interprofession.
Pierre Sylvain, « Paysan Nougatier », comme il se définit, à Saint-Didier (Vaucluse) a été élu président du groupement interrégional des producteurs d'amandes (GIPA). Une structure en sommeil depuis une dizaine d'années qui ne demandait qu'à être réactivée du fait de l'engouement qui se crée autour de l'amande dans le Sud de la France. « Pour l'instant, indique Pierre Sylvain, nous sommes sur le statut de groupement de producteurs mais l'idée est de l'adapter à la création d'une véritable interprofession en faisant entrer au conseil d'administration transformateurs et techniciens. » A défaut de chiffres fiables en raison de la dispersion des acteurs de la filière, les estimations font état de 1 500 tonnes d'aman-dons (amandes décortiquées) produits en France. L'amande est commercialisée sous trois formes : en frais ou verte (2 %), sèche en coque (8 %), la transformation industrielle ou artisanale (biscuiterie, chocolaterie, confiserie) absorbent les volume restants. Environ 150 tonnes sont produites en Provence, qui pourtant a eu son âge d'or entre 1880 et 1930. Puis progressivement, cette espèce a été délaissée car réputée comme peu rémunératrice.
« Un plan de relance, oui, mais pas dans n'importe quelles consitions », clame Pierre Sylvain, le nouveau président.
Aujourd'hui, la production française ne couvre que 1 % de la consommation, et la Région Provence 0,3 %. C'est pourquoi les transformateurs font appel aux importations, mais la demande en amandes locales est de plus en plus pressante. « C'est une opportunité à saisir pour la production, cependant nous avons de nombreux de défis à relever. » Pierre Sylvain situe l'urgence sur le plan technique. « Des avancées ont été réalisées par l'Inra concernant la recherche variétale qui nous permet de planter des amandes avec beaucoup de goût, à floraison plus tardive pour éviter les dégâts de gel et parfaitement adaptées aux terroirs du Sud. En revanche, en ce qui concerne la conduite technique, l'amande n'a pas de “modèle” en propre. Les arboriculteurs travaillent d'une manière empirique en s'inspirant de ce qui est fait en arboriculture pour d'autres espèces. Un itinéraire technique spécifique amande - et pas celui des Etats-Unis - permettrait de d'améliorer la fumure, la taille, l'irrigation, etc. Ce qui conduirait à une augmentation des rendements. D'où une présence plus importante des amandes locales sur le marché ». L'interprofession naissante va aller à la rencontre des instituts techniques et des collectivités locale et régionale afin de dégager les moyens financiers pour lancer des programmes et acquérir de nouvelles connaissances en matière d'économie. L'avis est partagé par Jean-Pierre Jaubert, premier producteur d'amandes en France, à la tête d'un verger de 75 hectares dans les Alpes de Haute-Provence. « Il y a de la place sur le marché et plus nous serons, mieux cela sera. Néanmoins, il faudra être prudent dans les termes employés. Un plan de relance, oui, mais pas dans n'importe quelles conditions. Ne pas laisser croire que l'amandier peut pousser partout. » Pierre Sylvain a planté un premier verger de 30 hectares, qui sera suivi d'une seconde tranche de 15 hectares, afin d'assurer l'autosuffisance (besoin de 15 à 16 tonnes par an) de sa nouga-terie d'ici à un ou deux ans. La Confiserie du Roy René, à Aix-en-Provence, reprise récemment par Olivier Baussan (Olivier&Co), suit la même trajectoire en plantant cinq cents amandiers. « Nous participons à la commission mise en place par la chambre Régionale d'Agriculture Provence-Alpes-Côte d'Azur concernent la relance de l'amande, indique Alexis Bertucat, chargé de développement durable à la Confiserie du Roy René. Notre politique est d'encourager les producteurs car il y a indéniablement des débouchés commerciaux pour le produit. » Mais sauront-ils prendre le train en marche ?