Commercialisation
Entre McCain et les producteurs, le contrat pluriannuel passe mal
Les producteurs ne veulent pas s’engager avec McCain en signant des contrats qui les lieraient jusqu’en 2012. Sans tenir compte d’une augmentation éventuelle des charges.
« Il n’est pas acceptable d’avoir une vision du marché à la baisse dans le futur ! » La réaction des producteurs de pommes de terre réunis par le Gappi à huit reprises début mai a été unanime. Ils ne veulent pas s’engager sur des contrats pluriannuels “glissants” alors qu’ils n’ont pas la moindre idée de l’évolution future de leurs charges. Jean Bernou, président de McCain Europe Continentale, avait évoqué la possibilité d’instaurer ce type de contrat dès cette campagne à l’occasion de l’assemblée générale du Gappi le 22 janvier. « Pour donner de la visibilité aux producteurs », avait-il déclaré ce jour-là en proposant également un nouveau type de contrat qui permettrait d’unifier les différents contrats proposés par McCain au bout de trois ans.
« Les contrats glissants sont des contrats pluriannuels établis sur une période de trois ans que les deux parties reconduisent chaque année pour une année supplémentaire », explique Laetitia Clavey, directrice du Gappi. Même si les contrats pluriannuels représentent 35 % des contrats négociés par l’industriel, les producteurs ont réaffirmé leur opposition à la généralisation de tels contrats. Et ceci d’autant plus que McCain a refusé d’indexer ces contrats en tenant compte de la hausse des charges sur la base de l’indice Ipampa de l’Insee.
Ils voient donc un danger réel : celui de se situer à tout moment à des niveaux de prix inférieurs aux coûts de production. « Hier, il fallait produire 45 t/ha de tubercules pour commencer à gagner sa vie, il faut en produire 50 t aujourd’hui… et demain ? », explique les producteurs. A l’issue des huit réunions, le Gappi s’est donc fait leur interprète pour que personne ne signe de tels contrats.
Les agents de plaine sont actuellement dans les fermes avec les contrats sous le bras et leurs arguments. Un événement lourd de sens pour le Gappi qui reconnaît, qu’en cas de signature, il ne sera plus qu’une “simple coquille vide”. Et démontrerait « la totale intégration du groupement à l’industriel ».
Mais surtout, chacun redoute que ce contrat ne fasse boule-de-neige dans d’autres filières.