Emplois saisonniers, le dossier s’alourdit
Une deuxième exploitation fruitière était en grève, la semaine dernière, dans la plaine de la Crau. Une nouvelle grève qui porte le dossier de l’emploi saisonnier sur le haut de la pile du ministère de l’Agriculture. Une table ronde sera organisée à la rentrée par le préfet de la région PACA.
Le dossier des emplois saisonniers n’a pas fini de s’ouvrir. Après la grève de 240 employés saisonniers sur deux exploitations fruitières de la plaine de la Crau, faisant la une de journaux télévisés durant le week-end du 14 juillet, c’est au tour d’une autre exploitation située à quelques encablures des premières de voir ses 150 saisonniers se mettre en grève le 20 juillet (voir encadré ci-contre). Pour résoudre le premier conflit, il aura fallu des engagements de l’Etat et surtout l’engagement des pouvoirs publics de renouveler les contrats l’an prochain. Un élément jugé “déterminant”, par le représentant CGT agroalimentaire des Bouches-du-Rhône, qui s’exprimait au nom des saisonniers marocains et tunisiens lors de la réunion organisée par le préfet de région, Christian Fremont, à Marseille, le 18 juillet. Le même jour, l’employeur des 240 grévistes, Laurent Comte, s’est engagé à payer d’ici le mois d’août les arriérés des heures supplémentaires dont un acompte de 700 euros dès juillet, selon le préfet de la région. De son côté, l’Etat s’est engagé à reloger 87 des saisonniers qui étaient hébergés sur l’exploitation dans des conditions insalubres et à diligenter des enquêtes de l’inspection du travail et de la DDASS sur les conditions d’hygiène et de sécurité.
Une table ronde à la rentrée sur l’accueil des saisonniers
Enfin, le ministère de l’Agriculture a demandé au préfet de PACA d’organiser à la rentrée une table ronde avec les organisations professionnelles agricoles et les syndicats des salariés, pour définir les moyens d’améliorer les conditions d’accueil des travailleurs saisonniers dans la région. La FNSEA, quant à elle s’est fendue d’un communiqué le 19 juillet en déclarant qu’il s’agissait d’un seul agriculteur, et qu’il ne “faudrait pas faire du cas d’un seul exploitant le cas de l’ensemble des exploitants du département voire de la France entière”, les jours qui ont suivi ont démontré le contraire. En revanche, le syndicat a rappelé qu’il avait signé, le 18 juillet 2002, avec l’ensemble des partenaires sociaux un accord national “sur les saisonniers, sur diverses propositions sur les contrats à durée déterminée et sur l’organisation de la gestion prévisionnelle de l’Emploi en Agriculture”. De son côté, la Confédération paysanne salue la lutte des travailleurs agricoles de Saint-Martin de Crau, s’associant aux revendications, elle rappelle le caractère “discriminatoire des contrats OMI, le laxisme des autorités de l’Etat” et appelle à “amplifier les mobilisations solidaires” pour “repérer les situations discriminatoires”. On s’étonnera tout de même qu’une enquête demandée conjointement en août 2001 par les ministres de l’Emploi et de l’Agriculture (Elizabeth Guigou et Jean Glavany) à leurs inspections générales dans les Bouches-du-Rhône soit restée lettre morte. D’autant que cette enquête avait fait l’objet d’un rapport, n°2001.118, intitulé “Enquête sur l’emploi des saisonniers agricoles étrangers dans les Bouches-du-Rhône”. Un rapport qui n’a pas été rendu public sur le moment et ne l’est toujours pas aujourd’hui.