Emballages : la chasse au gaspi
The Great Pacific Garbage Patch (1), la grande plaque de déchets du Pacifique, est l’une des images les plus spectaculaires de déchets. Ce monstre – dont la taille aurait déjà triplé depuis les années 90 – s’étend maintenant sur 3,43 millions de kilomètres carrés, soit six fois la superficie de la France. En parallèle se multiplient les réglementations, les initiatives institutionnelles ou privées pour réduire la production de déchets, liée notamment aux emballages dans l’agroalimentaire, qui consomme près de la moitié de la production d’emballages métalliques, et est le premier client de l’emballage plastique.
Un grand nombre d’industriels et de distributeurs, en plus de répondre à la législation avec des conditionnements compostables ou biodégradables, prennent des initiatives allant dans le sens de la réduction des déchets. Les distributeurs généralisent les sachets biodégradables ou recyclables, s’investissent dans des politiques d’emballage de MDD ou suppriment certains emballages (tel Migros sur les fruits exotiques), tandis que les industriels multiplient les initiatives. Pour ne citer qu’eux… Coca-Cola a redéfini les contours de ses bouteilles (un cinquième de verre en moins). Nespresso, répondant à une critique qui se faisait de plus en plus pressante, a mis progressivement en place un système de récupération et de recyclage des cartouches usagées. Evian (2) s’inscrit dans la lignée avec son service test (à Paris) de livraison et de reprise des bouteilles vides.
Le monde de la recherche et du design s’est saisi de l’attention portée à la réduction des déchets des emballages. David Edwards, chercheur à Harvard, et le designer François Azambourg ont ainsi créé, en France, des emballages qui se mangent composés de fruits séchés, chocolat, noix, peaux de curry… gélifiés avec des particules de calcium, de magnésium et des molécules naturelles. Des crèmes dessert au chocolat dont le contenu se mélange au contenant, des boules molles remplies de jus de fruit ou de soupe, qui doivent être percées avec une paille pour être bues ont ainsi été inventées.
Mais le monde de l’emballage doit aussi composer avec les attentes du consommateur… parfois contradictoires. Ces attentes sont d’ailleurs le reflet des tensions qui régissent notre société, partagée entre individualisme (les sachets individuels ont un succès qui ne se dément pas et pour lequel il semble difficile de renoncer), le besoin de rassurance (notamment pour tout ce qui concerne l’univers de la santé, de l’hygiène où l’emballage, voire le suremballage, joue un rôle majeur) et la responsabilisation (l’attention portée aux emballages verts, l’intérêt pour le recyclage qui, là aussi, paraît être une préoccupation de premier ordre). En accroissant les politiques de sensibilisation il est fort probable que la responsabilisation l’emporte sur les autres valeurs.
(1) http ://www.notre-planete.info/actualites/actu_1471_continent_dechets_pacifique…
(2) http://www.evianchezvous.com