Crise : Répercussions
E. Coli : la production française de légumes gravement touchée
Les producteurs français attendaient lundi que le concombre soit définitivement blanchi. Mais les dégâts sont énormes. Près de 7 millions d’euros en une semaine rien qu’en France.
Lundi matin, les producteurs français et européens de légumes étaient toujours dans l’attente d’une position officielle des autorités allemandes blanchissant définitivement le concombre dans l’épidémie d’E. Coli. En effet, si les autorités sanitaires se dirigent maintenant vers une contamination probable par des graines germées, elles n’ont pas encore levé leur recommandation de ne pas consommer de concombres, de tomates et de salades.
Des pertes qui s’élèvent déjà à 6,5 millions d’euros
Vendredi dernier, l’AOPn tomates et concombres de France chiffrait les pertes pour ses adhérents au bout d’une semaine de crise à quelque 5 millions d’euros (1,5 million pour les concombres et 3,5 millions pour les tomates). Au niveau national, pour les tomates, les pertes s’élèveraient donc à 5 millions d’euros. En France, la consommation des concombres est quasiment nulle (elle est tombée à moins de 15 % d’une consommation normale) : près de 9 concombres sur 10 doivent donc être détruits. En tomates, les cours sont en chute libre (ils sont divisés par deux) et les producteurs belges et néerlandais qui ont vu se fermer les portes des marchés allemands et russes se retournent notamment vers le marché français.
Vers une action de communication en fin de semaine
Les professionnels du secteur des légumes ont été reçus mercredi 1er juin au ministère de l’Agriculture. Bruno Le Maire s’est engagé à demander une aide exceptionnelle à la Commission européenne pour indemniser les producteurs français. Par ailleurs, une campagne de promotion radio est envisagée pour la fin de cette semaine. L’Etat pourrait y participer.
Les Français dénoncent l’attitude des Allemands
Président de l’AOPn Tomates et Concombres de France, Pierre Diot dénonce la « gestion calamiteuse de la crise par les Allemands ». « Ils ont mis le marché par terre, poursuit-il. Ils ont semé le doute chez le consommateur alors qu’il s’agit d’un problème allemand. »
Interfel solidaire de la production française
Dans un communiqué de presse publié à l’issue du conseil d’administration qui se tenait le 31 mai dernier, Interfel fait part de la solidarité de « la filière des professionnels des fruits et légumes frais » avec la production française. Interfel rappelle « que les acteurs de la filière sont soumis à une législation et à une réglementation extrêmement strictes dans les domaines sanitaire, environnemental et social que les consommateurs exigent. »
Deux millions de dégâts à Nantes
Les maraîchers nantais sont très en colère. A 15 heures, ce lundi 6 juin, ils ont convoqué la presse locale chez l’un des plus gros faiseurs de concombres, la Scea Cheminant pour détruire symboliquement quelques palettes. Dès le lundi 30 mai, les producteurs ont enregistré une mévente de 60 % qui s’est accentuée en milieu de semaine pour atteindre 90 %. Cette crise se chiffre pour l’instant à près de 1 million d’euros pour la région nantaise. Tout légume confondu, l’ardoise monte à 2 millions d’euros. Vendredi 3 juin, la mévente de la tomate, par exemple, représentait en moyenne 30 à 40 % des volumes habituellement commercialisés avec une érosion des cours importante, l’impact étant peu significatif pour certaines enseignes. A Sainte-Gemmes-sur-Loire (Maine-et-Loire), Philippe Marionneau, indépendant, a lui aussi du mal à vendre ses concombres. Il en récolte 10 000 à 20 000 par jour. Il a réussi la semaine dernière à commercialiser son produit mais, selon ses dires, à des prix déraisonnables.
Dernière minute : Bruxelles annonce des compensations
La Commission européenne devrait proposer ce mardi des compensations financières pour venir en aide aux producteurs de légumes et fruits. A l’occasion d’une réunion des ministres de l’Agriculture à Luxembourg « la Commission européenne va proposer des mesures concrètes de compensation », a indiqué une porte-parole. Plusieurs pays réclament des aides : l’Espagne, bien sûr, mais aussi la France, les Pays-Bas, la Belgique, le Portugal et même l’Allemagne.
(lire aussi l'Interview de Philippe Binard, secrétaire général de Freshfel, En Espagne, la situation est toujours critique et L’offre est excédentaire alors que la consommation est bloquée)