Dure journée pour un ministre
A l’heure où nous écrivons ces lignes, doit commencer à Bruxelles le Conseil européen Agriculture et pêche. Rude épreuve pour le ministre français de l’Agriculture vers qui vont se tourner les regards des 24 autres délégations dès qu’il va pénétrer dans la salle du Conseil. Bien sûr, il peut compter sur le regard amical de sa collègue allemande, sur la poignée de main chaleureuse autant qu’inquiète (son pays vote mercredi et là non plus c’est pas gagné) de son homologue néerlandais. Il peut compter sur ses collègues des quatre autres pays fondateurs. Ces six Etats en ont vu, entendu et subi tellement depuis 50 ans… Mais les autres ? Que va dire l’Anglais ? On imagine déjà le sourire mi-apitoyé, mi-narquois du ministre britannique, genre capitaine du XV de la rose après une victoire contre les Bleus. Un ministre, au passage qui va prendre la présidence de l’Union au 1er juillet et dont le patron, Tony Blair, a déjà annoncé le programme : réduire les subventions… Et les nouveaux entrants ? Les Polonais, les Hongrois, les Baltes ? Que vont-ils penser de la France et singulièrement des agriculteurs français qui, en définitive, leur refusent ce dont ils ont eux-mêmes bénéficié pendant des décennies. Et pendant ce temps, pendant que notre ministre rentre dans cette salle du conseil, son Premier ministre s’apprête à remettre la démission de son Gouvernement. Y a des jours comme ça…