Medfel - Productions méditerranéennes
Du Sénégal au Poitou, la saison du melon varie les origines
Une vingtaine de régions approvisionne les étals français en melon durant la saison. En une dizaine d’années, de nouvelles régions ont fait leur apparition (Maroc, Sénégal).



L’année 2010 s’inscrira-t-elle parmi les bonnes saisons ? Le temps propice à la consommation va-t-elle s’harmoniser exactement avec l’arrivée des melons sans qu’aucune concurrence exacerbée entre les différents bassins de production ne vienne crisper le marché ? Il faut sans doute remonter à 2003, année de la canicule, pour entrevoir un semblant de saison paradisiaque…
Pour l’heure, les producteurs viennent de l’annoncer : les pluies diluviennes en Espagne ont retardé les semis. Si les premiers melons ibériques doivent arriver dans les temps, vers la fin avril-début mai, il est fort probable que peu de melons espagnols soient présents sur les étals la première quinzaine de juin. Au Maroc certains melons seront acheminés normalement, mais d’autres sont déjà annoncés avec presque trois semaines de retard, vers la fin avril. En conséquence, ces productions vont se décaler et risquent fort de se télescoper avec celles de l’Hexagone. Cela ne sera pas la première fois et sans doute pas la dernière. A regarder de près les dix dernières années, les télescopages peuvent être nombreux quand la saison s’avère médiocre comme en 2009 ou 2007.
Les conditions d’implantation des cultures sont loin d’être les seuls facteurs de déstabilisation du marché. En effet, le paysage melonnier a beaucoup changé en dix ans avec le développement de la culture dans de nouveaux bassins de production. A la fin des années 90, les melons du Sud-Est arrivaient sur les étals dès la mi-avril. Face à la concurrence espagnole puis marocaine, les melonniers provençaux ont renoncé à jouer sur la précocité. Désormais les premiers melons du Sud-Est apparaissent pratiquement un mois plus tard. A l’inverse, dans le Sud-Ouest, la tendance est au raccourcissement de la saison. Si, au début des années 2000, les consommateurs achetaient des melons d’Aquitaine ou de Midi-Pyrénées le 15 octobre, ils n’en trouvent plus aujourd’hui que jusqu’à fin septembre-début octobre. Par ailleurs, les conditions climatiques jouant leur rôle, les plus faibles marges en production tardive seraient le principal motif de cette évolution. Ce phénomène s’est davantage amplifié pour le Centre-Ouest.
Le dynamisme du melon marocain
Les melons marocains ont bousculé la donne dans les années 2000 en s’imposant sur les étals français. Leur forte progression en tonnages ces dernières années tendent à se stabiliser. Entre 2005 et 2007, les surfaces de melon Charentais ont été multipliées par trois, de 490 ha à 1 500-1 800 ha en 2007, atteignant un niveau similaire en 2009 avec 1 800-2 000 ha (sources Europêch’). Ce qui s’est traduit par une hausse des importations françaises de plus de 19 000 t en 2002 à 37 500 t en 2007 (source douanes françaises).
Le créneau des variétés très précoces en provenance de Dakhla continue à progresser en 2010 puisqu’un opérateur spécialisé (Idyl) annonce des tonnages commercialisés dépassant certainement de 40 % les ventes effectuées en 2008 en ajoutant : « La période d’expansion touche à sa fin, les volumes devraient se stabiliser. Nous pouvons offrir des melons de Dakhla dès le 15 février comme nous l’avons testé cette année. Mais cette production restera une niche. Le consommateur n’est pas prêt à déguster de façon massive du melon à cette époque. » Les difficultés de production que rencontre l’Espagne liées à la ressource en eau et au grignotage du foncier par l’urbanisation en bordure du littoral ont incité plusieurs producteurs français à déménager leurs implantations d’Espagne au Maroc, soit dans le Sud à Dakhla, soit dans le Nord à Kénitra où il n’existe que dix jours d’écart entre les deux bassins de production. Pour des raisons financières, sans que nous n’en connaissions l’ampleur, des melonniers français auraient abandonné l’Espagne sans forcément s’installer au Maroc pour se recentrer sur leur production française.
Depuis 2004, la production de melons du Sénégal a fait une timide apparition sur les étals français avec des apports effectués grâce à l’activité de quelques producteurs français. Son intérêt ? Pouvoir offrir du Charentais jaune très tôt au mois d’avril et concurrencer les Charentais verts du Sud du Maroc. Selon certains opérateurs, ce créneau ne devrait pas se développer outre mesure, les maraîchers sénégalais préférant approvisionner leur propre marché. Le développement de ces bassins – qui accompagne la volonté de plusieurs sociétés françaises telles Soldive, Rouge Gorge, Chiron, Force Sud, Boyer, Teradélis, Meffre ou encore Mourgues Fruits – s’inscrit dans une véritable stratégie d’entreprise afin d’assurer une régularité d’approvisionnement tout au long de la saison. Facteur important par le maintien de la vitalité des producteurs de melons français.
Melon
Prévisions européennes de récolte melon
Mardi 4 mai 14h00
Catherine Taussig (Aprel), Bernard Borredon et Bernard Chiron (co-présidents de l’AIM melon)
Réunion de l’Areflh melon
Mardi 4 mai 15h00-16h45
Salle de conférence