Provence-Alpes-Côte d’Azur
Drosophila suzukii : urgence dans le Vaucluse
Drosophila suzukii profite des conditions météorologiques favorables à son expansion et des non-réponses du ministère de l'Agriculture.
« Entre le 16 et le 30 avril, le nombre de mouches dans mes pièges est passé de 46 à 256 », indique Bernard Mille, producteur de cerises. C'est dire que la pression de Drosophila suzukii est considérée comme “énorme” dans le département à moins de trois semaines de la date de début de récolte des premières Burlat. En Vaucluse, le 16 avril, Stéphane Le Foll s'était alors engagé auprès des professionnels à autoriser l'application d'une demi-dose de diméthoate à 8 jours avant récolte. C'était une mauvaise « lecture » des propos du ministre. « Nous n'avons pas d'écrit, indique Alexandra Lacoste, directrice de l'AOPn Cerises, mais tout indique que le ministère ne va pas proposer un choix additionnel, c'est-à-dire une pleine dose de diméthoate à 21 jours et une demi-dose à 8 jours avant récolte, mais l'un ou l'autre. » Décrié par l'Anses, la DGAL et les écolos, le diméthoate reste cependant la meilleure solution dans la lutte contre Drosophila. « Nous avons proposé des solutions alternatives, ajoute Alexandra Lacoste. Les demandes d'autorisation de mise en marché (AMM) ont été déposées en novembre et nous n'avons toujours pas de réponses globales. » Les réponses du ministère concernant les AMM sont attendues pour cette semaine. Du côté de la FNSEA, le dossier Drosophila est sur le bureau de Xavier Beulin. Une dérogation pourrait être accordée concernant la double application de diméthoate. Sur le terrain, les opérateurs se préparent à la campagne.
Du côté de la FNSEA, une dérogation pourrait être accordée concernant la double application de diméthoate.
Pour Jean-Christophe Neyron de la Sica Val de Nesque (1 200 t de cerises), le travail s'est fait en interne : « Nous avons beaucoup communiqué pour une utilisation optimale des matières premières à notre disposition, en insistant sur le cadre légal de leur application. Nos apporteurs ont fait les frais de la campagne dernière. Beaucoup ont été obligés d'abandonner une partie de leur récolte, l'agréage à l'entrée de la station ayant montré des imperfections. En revanche, au niveau commercial, les aléas d'une production plutôt capricieuse ne posent pas trop de problèmes. » Même démarche à Paysans du Ventoux (500 t de cerises). « Nous avons communiqué en interne, explique Tanguy Omnes, responsable de l'agréage. Notre crainte est que certains de nos apporteurs, inquiets des dégâts de la mouche et du poids des contrôles des services de l'Etat, abandonnent cette espèce. » Le Vaucluse est tête de pont mais Drosophila est bien installée dans toute la France sur de nombreuses espèces de fruits rouges.