Algérie
Djazagreen veut signer le retour de l’offre algérienne
Jeune entreprise installée à Rungis, Djazagreen désire introduire les fruits et légumes algériens sur le marché français. Ou plus exactement les faire revenir après plusieurs années d’éclipse.
Longtemps, l’Algérie fut considérée comme le “grenier” de Rome (au temps de l’Empire) ou de l’Europe (au XIXe siècle), c’est selon. Aujourd’hui, les exportations agroalimentaires du pays sont loin d’être la priorité des dirigeants algériens, le pays s’appuyant en premier lieu sur la manne des hydrocarbures. La situation a conduit à un basculement vers l’importation massive de denrées alimentaires. En ce qui concerne les fruits et légumes, l’importance du marché local, complexe et difficile d’accès, ne laisse que peu de place à l’exportation, qui plus est, plombée par une chaîne logistique défaillante. Pourtant, avec une surface agricole utile (SAU) de plus de 8 millions d’hectares et une production faisant très peu appel aux pesticides, les perspectives sont prometteuses. La création de Djazagreen semble intervenir au bon moment.
A l’origine de la société, il y a trois jeunes Algériens, Karim Bensalah, Ahmed Boumezbeur et Aghiles Rebrab, tous membres de Réage, le réseau des Algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises, et soucieux de redorer le blason de l’origine Algérie. Leur expertise s’étend aussi bien au sourcing, à la commercialisation qu’au marketing et aux aspects logistiques. L’équipe a sillonné l’Algérie pour trouver des fellahs désireux d’exporter vers la France, premier marché visé. Une cinquantaine aujourd’hui constitue le socle d’approvisionnement. C’est pendant une rencontre interprofessionnelle qu’ils vont rencontrer Georges Helfer, président et fondateur du groupe d’importation éponyme, qui va s’investir dans le projet. La marque est déposée et le bureau de Rungis (chez Georges Helfer SA France) est ouvert. « Pour 2009, nous nous concentrons sur les produits maraîchers et nous menons un test sur les fraises, explique Karim Bensalah. Les perspectives pour 2010, année du véritable développement, s’établissent à 150 conteneurs au départ des ports d’Alger et de Béjaia vers ceux de Marseille, Port Vendres et Valence en Espagne et bientôt Sète. En Algérie, nous travaillons avec un partenaire espagnol qui se charge de la production de l’emballage des produits à la marque. Nous développons d’abord les fruits et légumes conventionnels, à partir de cahiers de charges précis en rapport avec la demande européenne puis, fort d’une agriculture locale tournée historiquement vers le bio, nous proposerons de tels produits, une fois les certificats passés par les agricultures. Nous leur apportons aussi notre aide sur ce point. »
Un projet de plate-forme de conditionnement
Importateur en premier lieu, Djazagreen offre en effet aussi un support à tous les stades de la production, du transport et de la promotion. « Certains des producteurs qui travaillent avec nous exportaient déjà et avaient leur propre réseau, explique Aghiles Rebrab. Pour les autres, nous nous assurons qu’ils sont aux normes et nous les aidons dans le cas contraire. Nous nous occupons aussi de toute la logistique pour l’exportation. » C’est souvent à ce niveau que le bât blesse. « Nous menons un travail de fond sur ce sujet afin d’améliorer la chaîne du froid », concède Aghiles Rebrab.
Un des objectifs à terme de Djazagreen est de construire sa propre plate-forme de conditionnement en Algérie. Du côté français, qui fut, il faut le reconnaître, parfois déçu par l’offre algérienne, les premiers contacts semblent cependant prometteurs. « Plusieurs grossistes du marché de Rungis sont intéressés et nous avons des contacts sur Marseille et sur le Marché Saint Charles de Perpignan. Auchan a aussi manifesté son intérêt », précise Karim Bensalah. Afin de renforcer les liens sur place, un bureau va ouvrir sur Alger à la fin de l’année, ainsi qu’à Londres. Rotterdam viendra l’année prochaine.