Interview de Michel Barnier
« Développer la concertation interprofessionnelle »
Entretien au Parisien, colloque Inra, congrès de la FNPL : la semaine dernière a été très fruits et légumes pour le ministre de l’Agriculture. Pour fld, il précise ses projets.
Fld : Si, malgré le manque d’enthousiasme de la filière, vous maintenez votre projet de distribution gratuite dans les écoles, comment voyez-vous son organisation ? Avec quels fonds ? Selon quelle procédure ? Que signifie, dans le cadre de la passation d’un marché public, la notion de “fruits de saison” ?
Michel Barnier : Soyons clair : il n’a jamais été question ni de demander aux producteurs d’assurer le coût de ces opérations, ni de les substituer à l’approvisionnement normal des cantines scolaires. Il s’agit de proposer des rations gratuites à la pause matinale ou au goûter, en plus des repas pris à la cantine. L’objectif est d’améliorer l’apport nutritionnel des enfants, mais aussi de leur redonner le goût des fruits et légumes. On constate aujourd’hui que les jeunes mangent environ 4 fois moins de fruits et légumes que leurs grands-parents : il y a là un aspect éducatif sur lequel je souhaite agir, en collaboration avec Roselyne Bachelot et Xavier Darcos. J’ai vu fonctionner de telles opérations en Allemagne, il y a quelques jours. Elles pourraient être expérimentées en France, en s’appuyant sur des initiatives locales. Pour leur financement, elles mobilisent divers acteurs très variés : compagnies d’assurance, mutuelles, collectivités territoriales…
Fld : Qu’attendez-vous de la réunion de “toute la filière” que vous prévoyez d’organiser avant la fin du mois ?
M. B. : Je souhaite rencontrer l’ensemble des acteurs de la filière qui travaillent déjà sur la notion “d’accessibilité”, comme par exemple les membres du groupe de travail spécifique créé autour de ces sujets au sein d’Interfel.
Ensemble, nous discuterons des trois initiatives que j’ai proposées : la distribution gratuite dans les écoles, le développement des distributeurs de fruits et légumes dans les lieux de vie, et une réflexion sur l’ensemble des moyens possibles pour promouvoir les fruits de saison et de proximité.
Mais ces propositions ne sont évidemment pas une liste fermée : je suis tout à fait disposé à discuter d’autres initiatives avec les professionnels.
Fld : Vous avez demandé la création d’une “mission fruits et légumes” chargée de travailler notamment sur le système d’organisation économique existant en France et sur les synergies ou rapprochements à envisager entre Interfel et le CTIFL. A ce jour, quel est l’état de vos réflexions sur ces questions ?
M. B. : Le cadre communautaire rénové de la nouvelle Organisation Commune du Marché des fruits et légumes, qui entre en vigueur au 1 er janvier prochain, nous conduit à nous adapter sur l’organisation de nos filières, pour profiter des nouvelles possibilités offertes aux associations d’organisations de producteurs.
J’ai donc demandé une mission d’expertise pour examiner la question de l’organisation de ces filières, du point de vue de la stratégie commerciale, et de la gouvernance, du point de vue aussi de la politique de recherche-développement.
Deux choses me paraissent claires : nous devons continuer à travailler d’une part à un renforcement de l’organisation économique et d’autre part à un développement de la concertation interprofessionnelle.
Par ailleurs, je pense que nous devons faire évoluer notre schéma d’organisation afin de le mettre en phase avec le cadre communautaire et afin de renforcer la cohérence dans la gestion par produit ou par groupes de produits à l’échelle nationale.
Je compte très rapidement travailler à l’ensemble de ces sujets avec l’ensemble des membres de l’interprofession.