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Classement des 700 - LES LEADERS
Deux mille douze : l’année du blues ?

Vu la situation de la France, il semble opportun d’examiner quelques éléments sur la situation et les perspectives des activités liées à la production et la commercialisation de fruits et légumes frais.

Le classement des 700 leaders français et des 50 européens montre que le secteur des fruits et légumes, après avoir connu une année 2009 très difficile, s’est mieux porté en 2010. En effet, considérant la croissance du chiffre d’affaires, nous retenons quelques points très significatifs. Sur 115 groupes et sociétés filiales dont le chiffre d’affaires dépasse 3 millions d’euros, près de 90 % ont connu une croissance. Sur l’ensemble de l’échantillon (835 groupes et filiales), la proportion est de 75 %.
Donc l’année est une reprise par rapport à 2009, qui avait été l’occasion d’une baisse des prix, la hausse du chiffre d’affaires correspondant à une reprise des prix, pas nécessairement à une augmentation des volumes.
Examinant l’évolution des marges, nous retenons que le taux de marge progresse dans un cas sur deux. Cependant, croissance aidant, la valeur de la marge a progressé pour les deux tiers des entreprises. Ces évolutions ont eu lieu dans un contexte relativement favorable. Le chiffre d’affaires du commerce de détail alimentaire avait progressé de 1,6 %, après un recul de plus de 6 % en 2009, année de récession générale de l’économie. La “récupération” du secteur a ainsi accompagné la relance générale de l’économie et de son principal moteur : la consommation des ménages.

2011, crise européenne
Quels seront les résultats, tels qu’ils seront publiés, dans ce journal, en janvier 2013, après une année 2011 riche en événements négatifs.
On en retiendra trois :
• le premier est la confirmation du “dérèglement climatique” qui est un élément perturbateur grave pour un secteur d’activité dont les équilibres, au jour le jour, dépendent très largement de la couleur du temps. La canicule précoce et le mois de juillet pourri ont créé des situations atypiques, elles-mêmes causes de déséquilibre dans la consommation et les prix ;
• le second est la confirmation du “dérèglement médiatique”. L’image de la réalité étant plus importante que la réalité elle-même, la crise E. Coli a jeté l’opprobre sur une filière qui ne le méritait pas et a provoqué une chute de la consommation dans toute l’Europe. Chacun sait aujourd’hui, presque vingt ans après la crise de l’ESB, que les paniques alimentaires peuvent être momentanément incontrôlables. Souhaitons que rien de fâcheux en la matière ne se produise dans les années à venir : la rechute est toujours pire que l’original ;
• le troisième est la crise économique qui se mue toujours davantage en crise sociale. Au troisième trimestre, les dépenses des ménages consacrées aux biens alimentaires se sont repliées dès le second trimestre. L’érosion se poursuit depuis. Les fêtes seront peut-être l’occasion d’une embellie.

Tassement de l’activité à prévoir
Le résultat est ce que certains observateurs dénomment la “déconsommation” des fruits et légumes frais. Le débat est ouvert : le fort recul de la consommation de fruits et légumes est-il conjoncturel ou structurel ? La deuxième option est sous-tendue par de solides arguments : la baisse de consommation a touché toutes les catégories de consommateurs, sauf les seniors. Pour certaines catégories, la baisse des tonnages était déjà sensible en 2010. On peut voir les choses autrement : lors d’une année de crise européenne générale, qui s’est médiatiquement révélée au cours du printemps et de l’été, moments de plus forte consommation des fruits et légumes, avec les facteurs sectoriels aggravant que l’on sait, pouvait-on s’attendre à d’autres résultats ? Le contexte général est bien celui d’un marché alimentaire solvable arrivé à satiété, il implique que les marques et produits qui ont des faiblesses sont plus sensibles aux transferts de consommation entre aliments. En effet, d’autres secteurs ont connu cette année un recul sensible, notamment celui de la viande fraîche.
A l’aube de 2012, se pose la question de l’ampleur de la crise sociale découlant des politiques d’austérité budgétaire de tous les Etats-Membres de l’Union. La dernière note de conjoncture de l’Insee, en décembre, prévoit un recul du revenu disponible brut des ménages, comparable à celui du début de 2010. Il est lié au tassement de l’activité, qui ne sera ni stimulée par la demande hexagonale, ni par celle de l’UE. En espérant que la spirale récessive intra-européenne ne durera pas.
Il y a donc lieu de s’inquiéter pour l’année à venir et de craindre des évolutions pires que celles de 2011. Quelques questions viennent à l’esprit. Quelle sera l’évolution de la consommation et du marché ? Celle des prix ? Quelles seront les conséquences pour les entreprises ? Comment s’y préparer ?

Innovation et segmentation indispensables
L’évolution des marchés des fruits et légumes ne dépend pas que de la conjoncture économique, il survient parfois d’excellentes saisons climatiques, bien enchaînées, qui favorisent à la fois les volumes et les prix. De même, les périodes électorales (France au printemps, Etats-Unis jusqu’en automne) accaparent-elles les médias, laissant moins d’espace aux faits-divers.
L’évolution de la consommation dépendra aussi des résultats des efforts constants des entreprises pour améliorer leur offre, par l’innovation produit (variétés, conditionnements, élaboration, modes de production), par la segmentation, par le professionnalisme du service interentreprises, par l’attractivité des rayons, par l’évolution des formes de vente (du drive aux supermarchés du frais, des fameux circuits courts au renforcement de l’offre de proximité des grandes enseignes). Elle dépendra aussi des efforts relatifs entrepris par les autres filières alimentaires.
La consommation intérieure ne constitue pas le seul moteur. Pour les entreprises tournées vers l’UE et les pays tiers, l’examen des opportunités se pose avec acuité. Certes, les conditions d’activité (coûts des facteurs de production, mise en œuvre des réglementations) ne sont pas toujours favorables aux filières et entreprises commerciales françaises mais ces handicaps ne sont pas toujours rédhibitoires. Le principal atout réside dans l’augmentation de la population mondiale et dans la demande croissante des pays émergents, qui ne subissent pas la conjoncture européenne.
Sur les marchés intérieurs ou extérieurs, la nécessité sera ainsi de se concentrer sur les tâches productives et créatives, de continuer à maîtriser les coûts tout en innovant dans les produits et les services. L’un des constats que l’on peut tirer du classement 2010 montre que les grandes entreprises ont connu, le plus souvent, de plus forts taux de croissance, la concentration s’étant ainsi accélérée, tant par développement propre que par acquisition. Ceci illustre la nécessité, pour les acteurs de se doter des moyens nécessaires pour mettre en œuvre ces nouvelles solutions.

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