RAISIN DE TABLE
Détaillants et grossistes se retirent des réunions « suivi de marché »
Environ 7,5 tonnes de raisins ont été écoulées samedi à Avignon à l’occasion d’une vente directe du producteur au consommateur, dûment autorisée par la mairie qui avait concédé un terrain municipal de 2000m2 pour l’opération. Elles n’auront pas suffi à calmer la colère de René Reynard, président de la FNPRDT : « j’ai le sentiment que l’on veut tuer la production de raisin français. Nous rencontrons d’importante difficulté d’écoulement, alors que le raisin est encore composé de 60% de raisin d’importation. Il est inacceptable de faire incomber la faute sur la qualité du produit et il est scandaleux d’entendre la distribution nous opposer que ce n’est pas la saison du raisin. »
Cette exaspération vient de deux courriers de l’UNFD et de l’UNCGFL, adressés respectivement à Gilles Vignaud, président d’Interfel le 30 juillet et à Bernard Bruyère, président de la commission économie de l’interprofession le lendemain. Les deux familles annoncent ne plus vouloir participer aux réunions téléphoniques « suivi de marché » jusqu’au 19 août pour l’UNCGFL et au 1er septembre pour l’UNFD.
Les raisons invoquées sont explicites : « il nous semble important de redire, écrit Bernard Piton, président de l’UNCGFL, les commentaires plutôt réservés de nos mandants professionnels sur ces variétés précoces qui ici, comme pour d’autres produits, ne permettent pas une meilleure entrée en consommation. La contre-saison et le primeur précoce n’ont de sens qu’avec une belle promesse et de satisfaction gustative. Ce n’est pas toujours le cas. La liberté du commerce est une valeur que nous défendons ; nous ne nous opposons donc pas à ces initiatives, mais nous ne pouvons pour autant en faire la promesse, ni la promotion. » L’argument qualitatif est également repris par Francis Van Der Elst, président de l’UNFD mais dans des termes assez durs : « nous sommes très dubitatifs sur l’opportunité de la tenue de ces réunions aussi tôt dans la saison, alors que notre famille est à l’heure actuelle très mobilisée sur la crise que traversent les produits d’été (.) Nous souhaitions également vous rappeler que le métier de détaillant est de sélectionner pour sa clientèle des fruits et légumes offrant des garanties optimales afin de lui donner l’envie d’en racheter. Or, les variétés précoces qui arrivent sur le marché à l’heure actuelle ne répondent pas à ces critères et risquent de détourner le consommateur de ce produit arrivera en pleine rentrée en consommation en septembre prochain. Par ailleurs, nous souhaitions attirer votre attention sur le déroulement même de ces réunions « suivi de marché » qui ne doivent en aucune manière être lieu de chantage ou de menaces à l’égard d’une ou plusieurs familles professionnelles. »
Et Francis Van Der Elst d’ajouter : « Si en effet, le président de l’AOP nationale raisin souhaite organiser des ventes au déballage, il sera important de lui rappeler la réglementation qui ne permet ce type de vente qu’aux seuls distributeurs ou détaillants. En outre, si le président de l’AOP souhaite par ailleurs effectuer des ventes directes de raisins, il n’est plus besoin dans ces conditions de poursuivre le dialogue interprofessionnel et de mobiliser les détaillants pour mettre en avant le produit alors que les producteurs seront à même de le faire. »
La vente grand public ou vente directe producteur/consommateur est une possibilité prévue par la loi. qui autorise même ce type d’opération jusqu’à 60 fois/an. Il n’est donc pas exclu que le raisin redescende dans la rue, voire associé à d’autres productions en difficulté.