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Des cerisiers bien abrités

Protéger ses cerisiers avec des filets maintenus toute l’année et des bâches antipluies permet de réduire drastiquement l’usage de produits phytosanitaires tout en assurant une récolte de qualité selon un premier essai du CTIFL.

Produire des cerises sans traitements de synthèse, le pari est osé mais le CTIFL l’a fait. La protection d’une parcelle de cerise avec des filets « insect-proof » et des bâches a permis de réduire l’Indice de fréquence de traitement (IFT) à 1 en 2017, 0 en 2018 contre des IFT de 7 et 8 pour les parcelles non protégées de Bellise et Folfer. Et les pertes par éclatement ont été divisées par trois ou quatre selon la variété, sous la parcelle couverte. Ces résultats ont été obtenus depuis 2015, sur une parcelle entièrement close par des filets tissés en 9x11, de mailles 0,95 mm par 0,8 mm, enterrés à 50 cm de profondeur et dont les coutures sont renforcées en PVC sur ceux du toit. Ces derniers sont maintenus toute l’année pour éviter la contamination de la parcelle par les pucerons qui reviennent sur les cerisiers entre septembre et novembre. Plusieurs portes d’entrée pour cette parcelle ont été testées. Celle conçue par le CTIFL permettant d’optimiser les entrées et sorties du personnel et du matériel a permis d’augmenter l’étanchéité de la parcelle. Pour améliorer encore celle-ci, il conviendrait de prévoir un sas de sécurité à la porte d’entrée du matériel, des filets résistant aux vents violents, et une inspection des filets après chaque épisode de vent violent. Les bâches antipluies sont constituées de deux lés de 1,50 m de large, chacun étant attaché à un câble de faîtage situé à 30 cm sous les filets du toit. Les bâches sont déployées juste avant le début de floraison des cerisiers et repliées juste après la récolte des cerises. Elles restent donc en place pendant 10 à 12 semaines. En 2018, elles ont servi pendant huit campagnes.

Des filets toute l’année contre les pucerons

Grâce aux filets, la protection contre D.suzukii est totale. Le taux de cerises véreuses n’a pas dépassé 1 % chez les deux variétés. Celles comptabilisées sur Folfer en 2017 sont sans doute dues à des entrées d’adultes pendant la récolte de Bellise. Dans la parcelle PFI, un à trois traitements insecticides sont appliqués entre la véraison et la récolte. Les taux de fruits véreux ont été compris entre 1 % et 24 % selon les années et les variétés. Pour lutter contre les pucerons, un vide sanitaire a été fait dans la parcelle couverte pendant deux ans (2015 et 2016) avec un programme phytosanitaire classique. Les deux années suivantes, aucune protection n’a été appliquée hormis les huiles d’hiver en 2017 et les filets ont été maintenus tout l’hiver. Aucun puceron n’a été observé jusqu’à la chute des feuilles, alors qu’ils étaient bien présents dans la parcelle PFI et ce malgré les traitements aphicides. La protection antipluie permet de limiter très sensiblement le taux d’éclatement. Sous bâches, il a été divisé par 3 à 4 sur Bellise et Folfer, toutes deux très sensibles à l’éclatement dès le stade véraison. La mise en place des bâches juste avant le début de la floraison a aussi pour objectif de limiter les attaques de Monilia sur fleurs et sur fruits. En 2018, la climatologie très favorable au Monilia a conduit à un développement de la maladie dans les deux vergers, couvert ou non, avec une réduction du nombre de fruits moniliés dans le verger protégé de deux à trois fois par rapport au verger non protégé. Mais dans les deux cas, des observations en post-récolte ont montré que les cerises apparemment saines développaient du monilia en circuit de distribution en l’absence de traitement fongique au verger.

Plus d’heures à plus de 30°C sous filets

Les filets ont aussi un effet sur le microclimat dans le verger. Lors des deux épisodes de gel, l’un en mars 2013 et l’autre en mars 2016, la température dans la parcelle protégée est restée supérieure à celle de la parcelle non protégée avec une différence de 0,6 à 1 °C. Mais en cas de très fort gel, c’est-à-dire des températures en dessous de -5 °C sur bourgeons ou -3 °C sur fleurs, les filets ne suffisent pas à protéger les bourgeons ou les fleurs. La protection filet limite aussi très légèrement l’accumulation des heures de froid. Sur l’année, les températures moyennes journalières sont très peu impactées par les protections bâches et filets. On note une augmentation au plus égale à 0,6 °C dans la parcelle protégée. L’humidité relative moyenne journalière est aussi sensiblement la même. En revanche, en juillet et août, le nombre d’heure pendant lesquelles la température est supérieure à 30 °C augmente. En 2017, il s’agissait de 90 heures de plus que dans la parcelle non couverte. Le nombre de fruits double dans la parcelle couverte a augmenté sur Bellise en lien avec ce nombre d’heure à plus de 30 °C. La protection filet du toit, maintenue en place tout l’été, augmente donc les risques de fruits doubles pour les variétés sensibles à ce phénomène. Ces protections seront testées dès 2019 sur un nouveau verger plus grand, sur des variétés faiblement sensibles aux fruits doubles et peu exigeantes en besoin en froid afin de confirmer ces résultats.

Source : Info CTIFL

Des avantages mais des investissements

Selon le niveau de protection choisi : filets avec des mailles plus ou moins petites, filet indémaillable, couleur grise, bâches antipluies, bâches au sol pourtour de la parcelle et rang, grillage anticampagnol, mise en place de la structure par prestataire ou par le producteur, le coût par hectare peut varier de 50 000 € à 100 000 €. En calculant un amortissement sur sept ans et une production moyenne commercialisée à l’hectare de 14 000 kg par an, le surcoût de la protection peut être estimé entre 0,5 et 1 € du kilo. Par rapport à un verger non protégé, la protection monoparcelle permet d’amortir la totalité des surcoûts en assurant une production régulière en quantité et en qualité avec un prix producteur à la hauteur des avantages spécifiques procurés par ce type de production : fruits de très bonne qualité gustative, zéro résidu sur les fruits, impact sanitaire très faible sur l’environnement…

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