Par Olivier Masbou
Démocratie transgénique
Donc pour la deuxième fois en quelques semaines, les “faucheurs volontaires” d’OGM ont été empêchés de passer à l’acte par les forces de l’ordre. Ils étaient 400 environ à se diriger vers un champ d’expérimentation de maïs transgénique quand ils ont été stoppés par les CRS et les gendarmes mobiles. Les leaders de cette manifestation ont immédiatement fait part de leur indignation face à cette “atteinte à la liberté d’expression et au droit de manifester”, à ce “déni démocratique”, à cette “militarisation de l’agriculture” (Noël Mamère). “Nous sommes dans un Etat militaire et policier”, ajoute son compère José Bové avant de poursuivre : “Nous avons l’intention d’accomplir notre devoir de désobéissance civique”.
Si l’on comprend bien le raisonnement de ces “faucheurs volontaires”, s’attaquer, à 400, à des parcelles semées, s’introduire dans une propriété privée, détruire le bien d’autrui, cela est “non-violent”, “pacifique”, “civique”, “démocratique” et “citoyen”. Et s’opposer à des actions inspirées par autant de générosité est forcément mal, anti-démocratique, etc. La ficelle est un peu grosse, et pourtant elle fonctionne. Simple précision : les essais OGM sont faits avec l’autorisation des ministères concernés, en vertu d’une loi votée par un Parlement élu (loi d’orientation agricole de juillet 1999, rédigée par un gouvernement et votée par une majorité soutenue par certains des manifestants) et de directives européennes. Bref rien de plus “démocratique”.