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La chronique
De quoi la production est-elle le symbole ?

L’actualité nous rappelle que la question de la production alimentaire est centrale. Mais au-delà de l’origine des produits, de quoi la question de la production des produits est-elle le symbole ?
De nombreux chercheurs (1) ont montré que l’absence de la relation au produit génère l’incertitude et l’anxiété. En contrepartie le consommateur moderne se caractérise par sa recherche d’une certaine authenticité, via le retour aux valeurs, à l’ancrage dans une mémoire collective, à la naturalité. Il privilégie, au moins dans ses déclarations, le fait-maison et la production locale.
Ce qui était lié durant des siècles à l’activité féminine (la préparation des repas) se trouve dévolu à l’industrie agroalimentaire. Cette délégation affaiblit les qualités symboliques positives du produit ; ils ne sont plus “préparés avec amour”. Par extension, le “fait avec amour” influence la perception du produit même : les produits sont jugés plus savoureux, procurent plus de plaisir, sont meilleurs pour la santé. Ainsi même les plats surgelés non transformés ont-ils de plus en plus de succès. Ils peuvent être retravaillés, y compris sur le plan de la tradition familiale ou culturelle (par l’ajout de telle épice, par exemple). Le fait-machine détruit non seulement la dimension affective liée à la préparation du produit mais également l’identité même du produit. Les produits comestibles (même identifiés) des plats cuisinés de l’industrie agroalimentaire sont souvent perçus comme des “corps étrangers” et génèrent des représentations négatives. D’autant que la recherche de la productivité s’oppose, dans l’imaginaire, au “fait avec amour”. Le produit transformé industriel est d’autant plus suspect qu’il est perçu, non pas dans sa dimension affective et nourricière, mais comme une marchandise propre à générer des gains pour le producteur, les intermédiaires et le distributeur.
Dans le même ordre d’idée, des connotations positives et affectives sont associées aux produits artisanaux, même transformés. Le “petit” est opposé au “grand”. La production locale et artisanale sera perçue comme une série limitée, plus apte à proposer des goûts uniques, voire originaux car non reproductibles à l’identique, à l’exemple du bio qui offre des aliments non standardisés, biscornus. Tandis que ce qui est “grand” sera associé à la fabrication à la chaîne, à l’automatisme, à la démultiplication et sera objet de défiance.
Dans la production artisanale les consommateurs ont le sentiment de connaître les étapes de fabrication tandis que le monde de l’industrie agroalimentaire reste un monde à part, caché. On n’en connaît pas les secrets.
Productivité, secret… les intentions de la production industrielle sont donc l’objet de toutes les suspicions.

(1) Cf. l’article de Marielle Salvador-Perignon, Les représentations mentales du mode de production des produits alimentaires (France), in revues.org

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