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Technologies Côté producteur
De nouveaux marchés pour les producteurs

Avec le logiciel Agrilocal, une innovation et une invention du Conseil général de la Drôme, les agriculteurs ont la possibilité de répondre à des appels d'offres des collectivités, collèges, lycées et hôpitaux.

La camionnette blanche de Jean-François Chausson, producteur de pommes, cerises, nashis et de produits transformés (compotes et jus de fruits), à Peyrins, dans le nord de la Drôme, s'avance au portail du collège de Chabeuil. Avant 15 heures, le producteur doit livrer plusieurs dizaines de kilos de pommes et de produits transformés, notamment des compotes, pour la cantine scolaire. Cette livraison a été possible grâce au dispositif Agrilocal, un système créé, conçu et breveté par le Conseil général de la Drôme en 2011. Partenaire de l'opération, la Chambre d'agriculture de la Drôme qui veut accompagner les producteurs au fur et à mesure de la montée des volumes.

« Agrilocal n'est pas une plate-forme, explique Nathalie Sauve, conseillère diversification à la Chambre d'agriculture de la Drôme et chargée de mission pour Agrilocal. Cet outil est parfaitement adapté aux codes des marchés publics. Il permet de soutenir les circuits courts et accompagner les filières agricoles locales. C'est l'acheteur qui est le moteur du démarrage de la transaction. Le but recherché de ce logiciel est de favoriser le “consommer local” dans une démarche de développement durable, tant dans ses aspects environnementaux, économiques que sociaux. On favorise ainsi l'achat de produits locaux (proches des collèges), tracés, de qualité. On est à mi-chemin entre le gros et le détail. Le prix n'est pas forcément un critère de choix prépondérant pour les acheteurs. Ceux-ci peuvent mettre l'accent sur la qualité, la fraîcheur des produits à la commande. Le Conseil général forme les acheteurs, les sensibilise à la saisonnalité des produits. La Chambre d'agriculture organise des réunions, entre acheteurs et producteurs, d'un même bassin de production. »

Une négociation contractuelle

Qui fixe le prix ? La négociation est contractuelle et respecte le code des marchés publics. L'acheteur a directement le prix du produit en consultant le producteur sélectionné. Le dispositif met en relation directe des producteurs locaux et des structures de restauration collective, des acheteurs publics, sans intermédiaire grâce à un système de base géolocalisée.

Après une période d'essai de deux ans, Agrilocal est utilisé dans les collèges, les lycées, les maisons de retraite (EPHAD) et plusieurs hôpitaux de la Drôme. « Avant, les hôpitaux achetaient à des grossistes, mais ils n'étaient pas satisfaits de la qualité des fruits car ceux-ci n'étaient pas assez mûrs, indique Nathalie Mauve. Les hôpitaux commandent des volumes importants de 250 kg à 350 kg par livraison. Ils recherchent des fruits d'été mûrs (fraises, pêches, nectarines, cerises). Ils sont prêts à payer un peu plus cher les fournisseurs pour obtenir cette qualité. »

Une formule très souple pour le fournisseur

Le dispositif a fortement suscité l'intérêt des autres collectivités locales. Trente départements utilisent ce dispositif qui appuie les circuits courts. Pour aider les collectivités à bénéficier de cet outil, l'association Agrilocal a été créée et gère désormais l'outil au niveau national. Le département de la Drôme pilote l'opération. Précurseur dans l'utilisation du dispositif Agrilocal, Jean-François Chausson est à la tête d'une exploitation de 20 ha “Le Verger Saint-Martin”, à Peyrins. Il a quitté la procédure des marchés publics pour choisir le dispositif Agrilocal en 2011. « Le système des marchés publics favorise les gros volumes et les grossistes, indique Jean-François Chausson. Agri-local est une formule plus souple qui permet de faire connaître ses produits. L'inconvénient : on n'a pas forcément une visibilité programmée sur six mois à un an des commandes. On est plus dans le coup par coup. Certains collèges oublient parfois le dispositif. Le fournisseur doit faire la démarche. »

Si les limites d'Agrilocal sont aujourd'hui reconnues, il n'en demeure pas moins que le dispositif fonctionne bien et plaît grâce à sa simplicité et de sa souplesse. « La procédure est allégée par rapport aux contraintes des marchés publics. » Jean-François Chausson livre 500 kilos par an de pommes bio et 2 à 3 tonnes par an de produits transformés (compotes et jus) à des collèges. « 80 % de mon activité avec Agrilocal est répartie sur trois ou quatre établissements, ajoute-t-il. Ma ferme a la taille idéale pour répondre à ce type de marché. »

Un complément de revenu régulier

Michel Grandouiller est un exploitant bio à Châteaudouble, avec 2 ha de maraîchage. Il est aussi présent dans un magasin de producteurs. Sa ferme se situe à 7 km du collège. « Agrilocal est un système excellent, qui permet de faire des appels d'offres rapidement et simplement ». Il a longtemps proposé de petites quantités à l'intendant du collège de Chabeuil. Il livrait jusqu'en 2013, une fois par semaine, le collège en carottes, en pommes de terre, en poireaux et en oignons. Il proposait des prix à la vente qui étaient régulièrement acceptés. « En 2013, j'ai vendu 1,5 t de carottes bio. »

Sébastien Blache de la Ferme du Grand-Laval à Montélier a travaillé pendant deux-trois ans avec le dispositif d'Agrilocal. Il fournissait des lentilles, des pois chiches et des haricots. « Je vendais jusqu'à 300 kilos par an de lentilles. Aujourd'hui, mon exploitation s'est diversifiée avec une orientation magasin de producteurs et Amap. Il y a eu le départ de l'intendant du collège en 2015, ce qui a modifié nos relations de gré à gré. J'ai suspendu temporairement ma relation avec Agrilocal qui reste un dispositif intéressant. La réussite d'Agri-local passe par un intendant et un cuisinier motivés. »

Daniel Ravoux, maraîcher à Mirabel-aux-Baronnies, à la tête du Domaine des Arches, une exploitation de 26 ha, dont 10 ha en vigne et 15 ha en maraîchage, a livré deux fois par semaine le collège de Nyons, à 5 km de la ferme, en fruits et légumes. L'intérêt d'un tel outil est multiple. « Cela permet de me diversifier. C'est un complément d'activité régulier. Le dispositif est intéressant à condition de prévoir des volumes importants et de livrer dans un rayon de 50 km maximum. J'ai livré 90 kg de pommes dans un appel d'offres. »

Actuellement, le dispositif Agrilocal est en cours de reconstruction. « Le système nécessitait d'être reformé pour être mieux adapté aux attentes des fournisseurs et des acheteurs. Une nouvelle version informatique sera donc lancée en septembre prochain. Elle proposera une fonctionnalité différente, “Les marchés à bon de commande”, et privilégiera une contractualisation durable. Elle doit, entre autres, éviter les oublis et permettre aux producteurs de planifier leurs livraisons », conclut Nathalie Sauve.

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