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Tourcoing
David contre Goliath en terre du Nord

Au centre de Tourcoing, le nouvel Auchan City fait la part belle aux fruits et légumes. A quelques centaines de mètres de là, le Marché Provençal va devoir mettre ses atouts en valeur.

Au “Marché Provençal” de Tourcoing, le gérant n’est pas du genre à mettre en avant le bio en vrac pour attirer son client ! Il a bien d’autres atouts à faire valoir. C’est un amoureux des bons produits. Surtout des légumes qui ont du goût comme des fruits de saison.
Au n° 1 de la place de la Résistance, au rez-de-chaussée de cet immeuble des impôts qui fait face à l’église Saint-Christophe, cela fait 37 ans que les Tourquennois viennent y acheter leurs fruits et légumes. Une clientèle de proximité, à laquelle se mêle également celle très aisée des communes voisines de Mouvaux et de Marcq-en-Baroeul. Le magasin de 160 m2 (avec en plus 30 m2 de réserves) possède un rayon crémerie (30 % du chiffre d’affaires). Le samedi, il n’est pas rare d’y voir défiler plus de 500 clients dans la journée !
Jean-Luc Decaestecker, le gérant, aimerait que cela puisse continuer. Mais les six ans de travaux, destinés à l’aménagement des 6,5 ha du cœur de la cité, ont beaucoup paralysé le commerce de proximité de cette troisième commune de la métropole lilloise. Et a rendu le détaillant beaucoup plus prudent.

Une véritable institution
Et sûrement plus inquiet sur l’avenir de son commerce de détail. Rien que sur le dernier trimestre de l’année 2010, les travaux sur le parking situé face à son magasin lui auront coûté 30 % de chiffre d’affaires en moins. Un manque à gagner qu’il évalue à environ 100 000 € sur un chiffre d’affaires annuel de 1,1 million d’euros. Et la longueur des travaux l’a contraint à se séparer de quatre des onze salariés de la boutique.
A cela, il faut ajouter l’ouverture du nouveau centre commercial qui lui amène la concurrence du nouvel Auchan City avec ses 200 m2 composés de 400 références en fruits et légumes. Ce n’est pas pour autant qu’il baisse les bras. Il reconnaît que « la ville a voulu faire les travaux à fond pour marquer le renouveau de la ville. » Et le commerçant n’est pas du genre à partir en guerre contre la grande surface. D’ailleurs, il a dû faire face, non loin de là, à l’implantation du troisième Carré des Halles à Roncq en novembre dernier. Il sait que sa boutique de fruits et légumes conservera toujours des atouts comparés au magasin implanté de l’autre côté de la voie piétonne. Tout comme l’est celle du boucher Lucidarme ou de la librairie Majuscule.
Car pour nombre de Tourquennois, le Marché Provençal de la place de la Résistance est incontournable. « C’est une véritable institution du centre-ville de Tourcoing », explique cet habitué qui y trouve des fruits et légumes de qualité irréprochable et « pas forcément plus chers »… que ceux que l’on trouve dans les 4 000 m2 du dernier des nouveaux concepts commerciaux de centre-ville développé par le groupe Auchan.

Un ardent défenseur du goût
« Mon épouse et moi avons repris ce commerce voici neuf ans », explique Jean-Luc Decaestecker qui admet que le nouveau centre commercial Saint-Christophe devrait apporter un certain renouveau du commerce local. A condition bien sûr que la municipalité veille « au bon rééquilibrage du centre-ville entre la trentaine de commerces du nouveau centre commercial et ceux de centre-ville situés de l’autre côté de l’église ».
Ce “self-made-man” va tous les matins au Min de Lille s’approvisionner sur le carreau des producteurs et dans les cases de ses grossistes habituels.
Il a fait du conseil prodigué au client son principal atout face à son nouveau concurrent. « Sur ce terrain-là, Auchan ne pourra jamais parvenir à nous égaler », explique-t-il en évoquant la connaissance trop souvent fragmentaire des animateurs des rayons fruits et légumes de la GMS. Il avoue même qu’il va jusqu’à faire un détour sur ses lieux de vacances pour visiter un producteur… et se rendre compte par lui-même des conditions de production des fruits et légumes qu’il achète. Il en visite également souvent avec certains de ses fournisseurs.
En revanche, il dit ne pas compter ses heures. « On tourne à 70 voire 80 heures par semaine », ajoute-t-il. Il reconnaît cependant qu’il va devoir innover pour se démarquer de son concurrent et capter cette nouvelle clientèle que tout le monde attend dans les commerces du centre-ville de Tourcoing. « A nous de nous creuser les méninges pour faire en sorte que le client rentre chez nous plutôt qu’en face », lance-t-il.
Il sait que ce combat est devenu celui du spécialiste contre le généraliste. De David contre Goliath. Arrivera-t-il à toujours défendre le bon produit pour le plaisir de son client ? Et surtout à le détourner des nouvelles voies piétonnes qui l’amènent tout naturellement au centre Saint-Christophe ?

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