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Fin août
Dans un contexte fébrile, la pomme française s'invite en rayons

l'ensemble des opérateurs de la filière s'était donné rendez-vous pour annoncer le lancement de la campagne pomme française. L'ambiance était un peu tendue.

Alors que l'ANPP vient officiellement d'annoncer le début de la campagne pomme française, les opérateurs de la filière se sont réunis à Paris pour faire le point. Une véritable réunion interprofessionnelle pour la pomme. « Contrairement à l'an passé, nous avons des fruits nettement plus beaux et de bons rendements, a déclaré Daniel Sauvaitre, président de l'ANPP. Le climat est même idéal pour l'arboriculture. » Mais l'inquiétude pouvait se lire sur tous les visages. « C'est l'année de tous les dangers, a reconnu Thierry Mouneyrac, grossiste spécialiste de la pomme à Rungis. Le problème porte sur le coût de revient au producteur sur les marchés à l'exportation et l'embargo russe n'arrange rien à l'affaire. La France doit-elle produire plus pour exister ? Dans notre métier, nous avons besoin d'un large panel variétal et de producteurs. Avec cette augmentation de production, j'ai peur que l'on n'ait plus que des variétés internationales. » Une évidence : la campagne va démarrer sur des prix bas. « Nous avons un challenge cette année à relever, c'est d'améliorer l'équilibre entre notre offre avec l'écueil de l'embargo russe et la demande consommateur. Cela crée une situation de fébrilité forte sur les marchés, a indiqué Didier Crabos, directeur de Cofruid'Oc. L'idée est de savoir comment on construit des outils de communication porteurs pour augmenter la consommation. En clair, il s'agit de vendre plus mais aussi de vendre mieux, c'est ce challenge que l'on doit relever. » Il faut dire que l'embargo russe joue à plein et les distributeurs manquent d'idée. « Que peut-on faire pour vendre plus ? Augmenter les linéaires ? Faire plus de prospectus ? On ne doit pas faire n'importe quoi, a lancé un acheteur fruits et légumes de chez Auchan. Les opérations “gros volumes” fonctionnent. Cette année, vous avez moins de concurrence des fruits d'été, profitez-en. C'est une chance. » En tout état de cause, il faudra communiquer auprès des consommateurs. Cette année, l'ANPP a choisi de “réveiller l'instinct de croqueur” du consommateur. Des affiches, bandeaux et stop-rayons seront envoyés aux distributeurs et seront accompagnés de 450 jours d'animations en magasin. A cela, plusieurs distributeurs ont rétorqué qu'il manquait un secteur entier de distribution. « Je comprends vos choix, a ainsi déclaré Laurent Grandin chez Pomona TerreAzur. Mais les habitudes de consommation se forgent dans l'enfance et s'éloigner de la RHD est stratégiquement une erreur. »

D'autres grossistes ont demandé des kits et sont prêts à ouvrir leurs portes pour parler des “Vergers écoresponsables” afin que le message soit entendu par tous. En tout état de cause, la pomme française devra actionner de manière forte la communication pour relancer la consommation. « Il faut faire renaître le sentiment patriote », a déclaré l'un des distributeurs lors de la réunion de début de campagne la semaine dernière à Paris. « On réfléchit à une opération spécifique pour entraîner, comme en Pologne, un réflexe citoyen de consommation de pommes françaises, a lâché Daniel Sauvaitre. En tout état de cause, cette réunion a donné des idées à l'ANPP : un dialogue interprofessionnel serait bon à mettre en place. »

Embargo russe : la Provence dans l'expectative

Le marché de la pomme s'effrite lentement. « Plus que l'embargo russe, c'est la stratégie de la Pologne qui est inquiétante, souligne Daniel Corbel, PDG de Cardell Export. Les portes de la Russie se sont fermées, alors que va-elle faire de ses 3,5 Mt ? A titre personnel, l'enjeu majeur pour l'entreprise est le maintien de nos parts de marché sur le grand export. Les effets de l'embargo ne se sont pas fait sentir, mais la campagne risque d'être difficile jusqu'en janvier. » Jusqu'alors, la région Paca ne s'en est pas si mal tirée. De gros volumes ont été dégagés, parfois grâce à des concessions sur les prix. Il est vrai aussi que l'export lointain a contribué à dégager le marché. La situation risque de se compliquer avec l'arrivée de volumes supplémentaires d'autres régions. Cardell Export livre 25 000 t de pommes à l'export. « Mais cette année, il est difficile d'être optimiste », déplore-t-il.

Pommes : une issue sur le marché intérieur ?

A défaut de la levée de l'embargo, Daniel Corbel, au titre d'Interfel, compte sur une forme de « patriotisme économique. Je souhaite que la distribution ne cède pas aux sirènes de la Pologne dont les propositions ne manqueront pas. Il est important que la production française soit proposée à des prix attractifs pour améliorer la situation intérieure. Pour la promotion, Interfel et l'ANPP s'y emploieront. »

Pommes : des dégâts collatéraux sur l'industrie

A n'en pas douter, les prix des contrats industrie devraient dégringoler rapidement. Les industriels ont la main, actuellement, sur les stocks résiduels de la campagne précédente. Si les volumes restent trop importants sur le marché intérieur, la déflation devrait sévir, notamment sur le jus dont le marché est encombré depuis 2012 par la provenance chinoise.

Plusieurs plans d'action pour Pom'Evasion

« L'an passé, la campagne s'est bien comportée à l'exportation aussi bien vers la Grande-Bretagne, l'Espagne et surtout vers le Moyen-Orient et l'Asie. Le grand export est une tendance forte depuis quatre ans. Notre filiale Select Fruit (100 % export) est peu concernée par les ventes en Russie. Les difficultés françaises vont commencer en janvier puisque les livraisons vers la Russie s'effectuent significativement à ce moment-là. Je crois que c'est le cas aussi pour nos collègues européens. Pour ne pas en subir les effets indirects, nous menons plusieurs plans d'action : une communication forte auprès de nos clients sur les variétés et les calibres qui risquent d'être chahutés et une pression accrue sur le grand export. Il faut être combatif. Tous les débuts de campagne ont leurs zones d'inquiétude. Cette année, elles ont été relayées plus fortement par les médias. Il ne faudrait pas que cela perturbe les esprits et fasse dévisser les cours. » Pom'Evasion commercialise 35 000 t sur le marché français et sa filiale Select Fruit 13 000 à 14 000 t, dont 6 000 à 7 000 t en provenance des adhérents de l'OP.

Faire connaître Antarès pour le grand export aux Vergers de la Blottière

« Il ne faut pas tomber dans le pessimisme. La mise en marché sera difficile. Nous aurons besoin de nos clients qui sont attachés à l'origine France. J'espère aussi que des solutions seront trouvées pour que l'aide arrive rapidement et simplement. Des aides au retrait auraient été plus faciles. Mais nous avons quelques marges de manœuvre. Les exportations au Moyen-Orient et en Asie sont des opportunités à ne pas négliger, surtout depuis que la Chine autorise l'importation de pommes françaises. Mais cela concerne surtout les variétés comme Gala, Granny, Red Chief et, dans une moindre mesure, Golden. Depuis quatre ans, notre démarche consiste aussi à faire connaître d'autres variétés sur ces marchés, Antarès notamment dont nous avons l'exclusivité en France. » Les Vergers de la Blottière exportent 20 % de leur tonnage produits en France (30 000 t).

Conjoncture difficile pour la poire d'été

La poire d'été est en crise conjoncturelle depuis plus de vingt et un jours. « Dès son début, la campagne s'annonçait délicate, indique Gilbert Chiron du RNM Avignon. La Guyot arrive en fin de cycle mais a connu des prix payés producteurs autour de 0,20 à 0,30  €, car en panne de demandes sur le marché intérieur qui est le principal débouché pour cette variété. Il y a eu un peu d'export pour les autres variétés, mais la soupape de sécurité russe n'a pas fonctionné, d'où de nombreux stocks. » La Williams arrive sur le marché cette semaine dans une conjoncture déjà difficile. « Sur les marchés à l'export, il reste beaucoup de poires aux Pays-Bas et le marché débute à des prix très faibles, constate Christian Jouffret (Jouffruit Cavaillon). Sur le marché intérieur, la poire Cat. I n'est pas mieux valorisée qu'à la transformation. Pourtant la Williams a sa place jusqu'à la fin de l'année et pourrait être gênée par les poires d'automne, privée de ses débouchés en Russie. » C. B.

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