Crise : la tension monte encore d’un cran
La semaine a encore été chargée. On se réunit, on consulte à tout va. Pas facile de dégager une tendance. Pour l’instant, le court terme l’emporte encore sur la vision à plus longue échéance.
La semaine a encore été tendue au sein de la filière fruits et légumes. La crise est toujours là et le climat se détériore entre les familles professionnelles.
Mardi 12 heures : la FNPL organise une vente de légumes à Paris, place de la Bastille. Les producteurs sont présents, souriants avec de superbes produits. L’idée est d’en finir avec l’image de violences des dernières semaines et de donner une impression plus positive. Bref, de séduire. Et ça marche, pendant plusieurs heures les Parisiens viennent faire leur marché, discutent avec les producteurs, s’informent, et repartent le cabas plein de produits et moins d’idées reçues en tête. Une bonne idée donc, mais peut-être une fausse bonne idée car cette initiative de la FNPL n’a pas été du goût de tous.
Mardi après-midi : réunion FNSEA/FCD au siège de la Fédération du commerce et de la distribution. Il s’agit de faire le point sur les accords Sarkozy, et notamment la partie sur les 3R (rabais, remise et ristourne). La réunion ne se passe pas très bien, et, si on ne claque pas la porte, on se quitte sans trouver un accord. Rendez-vous est pris pour le 8 septembre.
Hervé Gaymard consulte
Jeudi: conférence de presse de rentrée de Jérôme Bédier, président de la FCD. Il est bien entendu question de la baisse des prix mais aussi de la crise des fruits et légumes. L’occasion pour Jérôme Bédier de faire une mise au point sévère à l’intention des syndicats agricoles. Sur les 3R d’abord : “Il y a une demande supplémentaire du monde agricole qui veut la suppression des 3R, remarque-t-il. Nous sommes prêts à voir comment on peut faire pour aller un peu plus loin. Mais l’issue dépendra de la volonté des syndicats agricoles d’avoir une logique de vraie coopération avec nous”. Mais la FCD n’a pas digéré “certaines attaques”. “Nous ne comprenons pas l’agressivité dont a fait preuve le syndicalisme agricole vis-à-vis de nous, commente Jérôme Bédier. A moins qu’il ne s’agisse d’une opération politique. Quand je lis un communiqué officiel de la FNSEA qui lance un appel à la mobilisation contre nous, je suis scandalisé. C’est une provocation extrêmement lourde”. Et de lancer un avertissement aux syndicats : “Il ne peut pas y avoir deux logiques : vouloir coopérer avec nous et, en même temps, organiser des actes de violences”.
Vendredi : c’est le retour des consultations. La CGI (commerce de gros) est reçue par la commission Canivet. Le commerce de gros peut ainsi rappeler ses positions : maintien de la loi Galland, de la définition du seuil de revente à perte (SRP) et de l’interdiction de la revente à perte. La CGI s’oppose à une modification légale visant à abaisser le seuil de revente à perte. Pour la CGI, le SRP “n’empêche nullement de baisser les prix”.
Autre audience : celle qu’Hervé Gaymard accorde à une délégation de la FNPL conduite par Angélique Delahaye. Selon un communiqué de la Fédération, Hervé Gaymard a convenu “de la nécessité de déclencher très rapidement des mesures d’urgences appropriées” pour faire face à la situation actuelle des producteurs. Le ministre se serait également engagé à “mettre en place un plan national d’adaptation et de développement des entreprises de production légumière, avec des objectifs politiques d’emplois, de développement des territoires et de santé publique”. De son côté, le ministre a annoncé son intention de mettre en place les instruments permettant d’encadrer la marge des opérateurs. Il a confirmé la priorité qu’il accorde aux dispositifs de gestion de crise. Il a annoncé sa volonté d’engager, dès l’automne, une action destinée à valoriser les qualités nutritionnelles des fruits et légumes.
Hervé Gaymard devait rencontrer le président de la FNPF Pierre Banc samedi 4 septembre à l’occasion d’un déplacement dans la Drôme.