Congrès EGEA : l’Europe doit changer ses priorités pour lutter contre l’obésité
Le Congrès EGEA 4 a souligné l’importance de changer les priorités en matière de subventions agricoles pour lutter contre l’obésité.
Cette année, le congrès EGEA était riche en événements. Organisé à Bruxelles avec le soutien de la DG Sanco et de la plate-forme européenne pour l’alimentation, l’activité physique et la santé, EGEA 4 avait pour but de sensibiliser les décideurs sur l’augmentation de l’obésité en Europe, en particulier chez l’enfant et les barrières qui empêchent d’atteindre les recommandations de consommation de f&l. Actuellement, l’Europe compte près de 5 millions d’enfants obèses. Et si les Etats membres et la Commission européenne travaillent sur le sujet, il est possible de faire plus. Dès l’ouverture, Philippe James, de la London School of hygiene and tropical medicine, donnait le ton : “La PAC est en grande majorité issue de l’aprèsguerre, focalisée sur la production animale (viande, lait, beurre) pour lutter contre la dénutrition et les subventions poussent aujourd’hui encore les agriculteurs à produire tout sauf des f&l. Il est temps de changer les priorités, car l’équilibre alimentaire a évolué.” Pour changer ce processus, certains proposaient une subvention sur le prix des f&l et de convaincre la Commission de prendre en compte la notion de santé publique.
La DG Agri attend un projet de qualité
Le débat politique s’est achevé sur une note positive. Bien que réservée, la présence de trois représentants de la commission (DG Agri, DG Sanco et DG Recherche) a montré que Bruxelles s’intéressait à ce sujet et qu’elle était prête à prendre part plus avant dans la prévention de l’obésité.
“Les objectifs de la Commission sont clairs, on veut une alimentation européenne saine, la question clé ici, est d’augmenter la consommation de f&l. Les enfants sont le groupe cible. L’objectif est de mettre en place une stratégie commune avec la DG Agri et la DG recherche, le travail d’EGEA s’inscrit dans notre démarche, soulignait Robert Madelin de la DG Sanco. Il existe des liens entre agriculture et santé. En terme de santé publique, il faut une coopération plus large entre l’UE, les Etats membres, les régions et les partenariats public/privé. Il serait bien que votre secteur se penche sur ce genre de partenariat. Nous voulons introduire une nouvelle stratégie en réalisant de nouveaux partenariats, pour cela nous devons évaluer ce qui se fait et améliorer le tout en fonction de nos expériences. La science devrait être plus présente, nous avons un manque de résultats, et cela représente une carence”, a-t-il ajouté.
Le représentant de la DG Agri, Lars Hoelgaard, a précisé un point important : l’introduction de la notion de retrait subventionné à 100 %, pour distribuer des fruits et légumes à l’école. Mais il a aussi rappelé que la Commission ne souhaitait pas augmenter la production de f&l, “nous sommes attaqués sur la notion de retrait. Si le budget a diminué, ce n’est pas de notre ressort, c’est plutôt parce qu’on ne reçoit pas assez de programmes à financer. On doit avoir un projet avec un groupe cible bien établi et pour l’heure on ne reçoit pas de projet de qualité. (...) On parle d’un budget de 1,5 Md€ pour les fruits et légumes, vous nous dites que ce n’est pas suffisant, mais on a découplé les aides, la responsabilité est donc liée aux responsables des producteurs.” En parallèle, Bernard Bruyère d’Eurocommerce présentait le nouveau concept fruits et légumes de Casino (lire p. 2), indiquant qu’il faisait partie des stratégies innovantes développées par la grande distribution. “J’ai bien noté que la Commission était prête à nous aider par le biais de l’interprofession. Nous ne manquerons pas de vous solliciter”, a-t-il martelé.
EGEA 5 se tiendra à Paris en 2008
“En tant qu’agriculteur, a souligné confiant, François Lafitte, nous voulons saisir l’opportunité du bienfait santé des f&l. Nous produisons des produits naturels qui ne créent pas de grandes dépenses énergétiques, je sens que les choses vont changer rapidement sur ce dossier”.
Enfin, les conclusions d’EGEA ont souligné l’urgence de doubler la consommation de f&l en Europe pour lutter contre l’obésité. “Il nous faut une union autour ce projet, indiquait Tim Lang de l’Université de Londres, sinon les coûts de santé liés à une mauvaise alimentation augmenteront.” Le prochain EGEA se tiendra en 2008 à Paris, couplé à la 6 e conférence de l’IFAVA, sous le slogan : International fruits and vegetables Summit. Laurent Damiens, directeur d’Aprifel, ne cachait pas sa volonté qu’elle se déroule sous le haut patronage de l’OMS.