Production
Congrès de Légumes de France : la baisse des charges insuffisante pour les maraîchers
Légumes de France tenait son congrès la semaine dernière à Lyon en l’absence de Bruno Le Maire qui s’était fait représenter par sa conseillère technique.
Baisse des charges : la cible est ratée
« Une fraise des bois dans la gueule d’un éléphant », c’est de cette manière qu’Angélique Delahaye considère l’enveloppe destinée à alléger le coût du travail permanent : « Ce ne sont au final que 21 M€ qui seront dédiés aux cultures spécialisées. Selon les calculs des maraîchers du bassin nantais, cela va se traduire par une diminution de 0,04 € par heure travaillée. Les OPA vont bénéficier d’exonérations plus importantes, ce n’est pas acceptable. Les fruits et légumes étaient la cible de ce projet, mais la cible est ratée (.) La TVA sociale faisait partie des promesses électorales, mais maintenant plus un mot. » En réponse à Angélique Delahaye, Guénola Mainguy, conseillère technique de Bruno Le Maire chargée de le représenter, a souhaité « mettre en garde les OPA. Il va de votre responsabilité de ne pas dénoncer cette mesure. Nous pouvons en discuter entre nous, pour discuter des paramètres techniques, mais dénoncer publiquement une mesure de 210 M€ pourrait avoir des incidences défavorables sur l’ensemble de la population ou coûter très cher sur l’ensemble des dispositions. »
Adapter le droit de la concurrence
Angélique Delahaye s’est dite « révoltée d’entendre dire que nous ne sommes pas organisés. Mais quand la production s’organise, le Conseil de la Concurrence nous épingle. Si l’AOP endive tombe (1), je crains que d’autres suivent (.) Il faut impérativement repartir du rapport Canivet pour l’adapter au droit de la concurrence. »
Réformer la contractualisation
Concernant la contractualisation, la présidente de Légumes de France a relevé « trois points à régler pour sa mise en place, car en l’état, elle n’est pas applicable : revenir sur les 100 % de volumes contractualisables ; l’étendre à toute la filière ; lever son inadaptation aux carreaux de producteurs. » Cela a laissé la conseillère de Bruno Le Maire « perplexe ». « Comment étendre à l’aval, ce dont l’amont ne veut pas ? »
Importations : les légumes monnaie d’échange
A propos de la maîtrise des importations, Angélique Delahaye considère que « les légumes sont une monnaie d’échange dans les accords que la Commission passe avec les pays tiers. Comment annuler ou au moins retarder l’accord de libre-échange avec la Maroc. Ne faut-il pas commencer par revoir les prix d’entrée et maîtriser les volumes en tenant compte de la segmentation ? Par ailleurs, tous ces produits qui arrivent doivent être respectueux des règles européennes sociales, environnementales, sanitaires. La Commission doit être capable de les contrôler pour y parvenir. » Elle s’est entendue répondre que « Bruno Le Maire s’en tient au strict respect du principe de réciprocité. Il a fait valoir ses réserves sur différents accords et s’oppose à de plus amples concessions. »
Harmonisation des phytos : ça avance
« Les choses avancent sur la question de l’harmonisation des produits phytos. Je tiens à adresser mes remerciements à la DGAL, a indiqué la présidente de Légumes de France. Néanmoins, nous ne pouvons rester au milieu du gué. Les difficultés restent à venir au sein des 27 Etats membres en raison de la répartition par zones géographiques. Ne rêvons pas, tout cela va prendre du temps. » La création de la commission des usages orphelins a été décrite comme « une victoire syndicale » et Légumes de France attend maintenant sa parution au JO pour une application du catalogue des usages au 1er janvier prochain.
(1) : L’AOP endive et la DGCCRF ont rendez-vous ce mardi 15 novembre devant l’autorité de la concurrence pour le dossier dit “des ententes”.