Commissaires amers
A la Commission européenne, il y a les Commissaires sortants pas encore partis, et les nouveaux Commissaires pas encore arrivés. La contestation de la Commission Barroso par le Parlement a conduit ce dernier à battre prudemment en retraite avant de présenter une nouvelle Commission. Pendant ce temps, ce sont les membres de la Commission Prodi, les sortants, qui font du rab. Et ils le font avec jubilation. Quitte à déstabiliser la future nouvelle Commission. C’est bien ce qu’à fait Pascal Lamy (cf. p. 11), l’encore Commissaire au Commerce extérieur, en annonçant un tarif douanier de 230 e la tonne pour les importations de bananes. En se prononçant ainsi, le jour même où Barroso demande un délai au Parlement, il sait pertinemment qu’il enlève toute marge de négociations à son successeur. Dans quel but ? On l’annonce candidat à une instance internationale où il faut professer un libéralisme plus marqué que celui de son Parti socialiste d’origine. Autre “vacherie” laissée par la Commission sortante : le dispositif de crise chou-fleur (cf. p. 12, un dossier, sur lequel s’était engagé personnellement Frantz Fischler. Le projet a finalement été rejeté par le collège des Commissaires, détruisant ainsi tout espoir d’expérimentation pour la campagne qui s’ouvre, et plombant un peu plus l’image de l’eurocratie chez les agriculteurs. Là aussi, on comprend mal la logique. Mais le ou la future Commissaire à l’Agriculture va recevoir un encombrant héritage.