Cinquante nuances de kale (1)

Il se prononce “queille-le” et est devenu l’aliment star aux Etats-Unis. Gwyneth Paltrow en est la première ambassadrice, la famille Obama l’a mis au menu de Thanksgiving. En France, ce chou vert a été “révélé” par le “kale projet”, blog écrit par Kristen Beddard, expatriée américaine à Paris. Elle a pour objectif « d’amener le plus sain des légumes verts » à Paris et dans les menus des chefs.
• Ses atouts ? A peu près tout ! Le kale est réputé riche en antioxydant, pauvre en calories, concentré en fer, magnésium et bêta-carotène… Renforcement des défenses immunitaires, contribution à l’anticoagulation, à la limitation du mauvais cholestérol…
• Autre atout. Il se consomme de diverses façons, permettant de multiplier les expériences culinaires. Cuit : à la vapeur, en purée, en soupe, en chips, en lasagne… Cru : en salade, en smoothie…
S’il est (encore) difficile à trouver dans les magasins ou sur les marchés, cet aliment affirme sa présence dans les blogs, articles de journaux, sites et autres livres dédiés à la cuisine. Car, indépendamment des vertus précédemment citées (santé et mises en œuvre culinaires), le succès de ce chou miraculeux surfe sur trois tendances.
• Le légume oublié. A l’égal du panais ou du crosne, il s’inscrit dans de nouveaux comportements de consommation qui consistent à la fois à être attentifs à la biodiversité et aux formes responsables de production (on trouve le kale en direct producteur, dans les marchés bio…). Il permet également le renouvellement de la consommation des légumes « quand on en a (souvent) marre des pommes de terre et des endives à tire-larigot » (2).
• La tendance “detox”. Elle nous vient, elle aussi, des Etats-Unis. « Les New-Yorkaises raffolent du kale pour leur detox » (3). Cette nouvelle façon d’appréhender le régime alimentaire, de prendre soin de soi en luttant contre les agressions (l’accumulation de toxines, le stress, l’hiver…) repose sur l’idée de purification. A l’heure de l’hyper-choix, l’ascèse est devenue une vertu.
• Le nouveau “glamour US”. Qu’il s’agisse de la tendance au “green glamour” (comportements vertueux à l’égard de l’environnement portés au premier plan par les people) ou de la promotion de nouveaux mets très esthétisés (voir le succès des cupcakes), les Etats-Unis, pays à la réputation de “mal bouffe”, semblent faire une offensive d’image.
Ainsi le succès journalistique du kale s’explique-t-il. L’hédonisme (la distinction made in NYC, la santé, la multiplication des expériences culinaires) et la rassurance (c’était “mieux avant”, nos grands-mères en mangeaient…) en sont les moteurs principaux.
(1) Fifty Shades of Kale, 50 fresh and satisfying recipes that are bound to please, Drew Ramsey, Ed. HarperWave, 2013
(2) Marmiton
(3) Dossier de presse JOUR