Portrait
Christiane Pieters, une productrice citoyenne et engagée
Présidente, entre autres, de l’Aniail, interprofession de la filière ail, Christiane Pieters est une productrice très active, aux multiples casquettes et à l’enthousiasme débordant.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Christiane Pieters est une femme énergique. Fille et petite-fille d’agriculteurs, elle reprend la ferme familiale de Castéron, dans le Gers, en juin 1976, suite au décès prématuré de son père. Sa nouvelle situation de femme chef d’exploitation lui fait alors prendre conscience du fait que les épouses d’agriculteurs, qui n’ont pas de statut officiel, sont complètement démunies s’il arrive quelque chose à leur mari. Un déclic qui explique peut-être son engagement à assumer des responsabilités agricoles et politiques, sans ménager sa peine, ni compter son temps.
Sur l’exploitation, elle poursuit la culture de céréales, y ajoute du tournesol, mais c’est surtout l’ail qui l’intéresse, si bien qu’elle augmente sa surface pour atteindre 2,5 ha. « C’est une production que j’aime beaucoup et que je suis personnellement, explique-t-elle. Dès la fin juin, on me trouve dans mon champ en train de récolter. De plus, cette activité n’est pas neutre pour l’exploitation, car elle rapporte jusqu’à un tiers du revenu, selon les années. »
Une passion pour la production d’ail
Il y a une quinzaine d’années, quand il s’agit de trouver un successeur au président drômois de l’Aniail, c’est elle, issue de la principale région productrice de France, qui prend le relais. « A l’époque, il était important de protéger la production face aux importations chinoises et espagnoles, et nous devions trouver comment discuter avec les négociants qui n’étaient pas sensibilisés à la production locale, raconte-t-elle. Nous nous sommes rapprochés de nos concurrents espagnols et avons joué groupés pour défendre notre dossier à Bruxelles, au sein d’un comité mixte. Aujourd’hui, nos relations avec les producteurs espagnols sont très bonnes. Nous nous rencontrons deux fois par an. »
Parallèlement au dossier franco-espagnol, Christiane Pieters, présidente du groupement de producteurs Terre de Lomagne, s’engage dans la démarche d’identification de l’Ail blanc de Lomagne, prenant la tête, il y a une dizaine d’années, de l’association de défense du produit. Après quelque temps de réflexion pour savoir quel signe de qualité choisir, les producteurs optent finalement pour l’IGP, via la CCP, obligatoire à l’époque. Il aura fallu sept années de procédures pour aboutir en décembre dernier à l’obtention du signe européen. « Décrocher un signe de qualité, dans notre pays, ça se mérite !, rigole l’agricultrice. C’est une démarche lourde en investissements humains et financiers, en patience et en énergie. » Sa satisfaction, aujourd’hui, est de constater que, sur le territoire midi-pyrénéen, on trouve tout l’éventail possible des labels dans la filière ail. Bonne élève, bien que de petite taille, cette dernière n’est pas restée “les deux pieds dans le même sabot” et les producteurs qui la composent ont fait de gros efforts et termes de traçabilité, d’analyse des sols, etc. Entre l’ail du père de Christiane Pieters et le sien, les modes de production ont beaucoup évolué.
Un engagement politique sans faille
Forte d’un sens de la responsabilité citoyenne infaillible, Christiane Pieters s’investit dans la vie publique de la région Midi-Pyrénées et multiplie les mandats. Elle est, en premier lieu, vice-présidente de la chambre d’agriculture du Gers, où elle suit « tout ce qui touche aux filières de qualité » (melon de Lectoure, petits producteurs de foie gras…) et est en charge des gîtes ruraux du département. Son expérience et ses compétences ont amené l’Inao à lui demander, il y a deux ans, de faire partie du Comité III des IGP, ce qui l’amène à travailler sur d’autres dossiers comme l’ail fumé d’Arleux, la pomme de terre de Noirmoutier, la lentille verte du Berry où la fraise de Nîmes. Elle est responsable du groupe volaille Label rouge chargé de revoir les cahiers des charges des 300 labels !
Mais Christiane Pieters ne s’en tient pas uniquement aux responsabilités agricoles. Depuis 2001, elle est élue au Conseil régional de Midi-Pyrénées et, depuis 2008, maire de son village de Castéron. Elle a été suppléante du député de sa circonscription. Récemment, elle a fait campagne pour les Européennes sur la liste de Dominique Baudis, sans être en position d’être éligible, apportant ses connaissances agricoles et sa caution auprès des populations rurales. « Ces mandats ne me donnent pas forcément plus de travail, explique-t-elle. Ils sont complémentaires et me permettent de suivre des dossiers agricoles à différents stades de leur évolution, en gardant une vision concrète du terrain, prenant en compte l’environnement et les marchés. Cela me donne une ouverture d’une richesse extraordinaire sur la société, et des contacts relationnels que j’apprécie beaucoup. Tout cela est une chance et je me sens encore l’énergie et l’envie de continuer. En 2010, pour les prochaines régionales, je me présenterai pour un nouveau mandat. Lorsque je compare ma vie à celle de ma grand-mère ou de ma mère, je me dis que je suis très privilégiée. »