MELON
Champignon à l’attaque
Un nouveau champignon est à surveiller sur les cultures de melon. Diaporthe melonis, champignon tellurique responsable de dépérissement, a déjà été signalé en France en 2015.
Un nouveau champignon est à surveiller sur les cultures de melon. Diaporthe melonis, champignon tellurique responsable de dépérissement, a déjà été signalé en France en 2015.
Diaporthe melonis, également appelé Phomopsis cucurbitae, est un champignon tellurique responsable de dépérissement sur culture de melon. « Ce nouveau champignon du sol a été observé en 2015 en France et identifié par l’équipe de Dominique Blancard de l’Inra de Bordeaux », mentionne Catherine Taussig, Aprel. Diaporthe melonis, Beraha & M.J. O’Brien (1979), est une maladie déjà signalée dans plusieurs régions de production du monde, notamment en Inde, au Japon, aux États-Unis et au Canada, touchant principalement le melon, le concombre et la pastèque. Son incidence sur ces cultures semble peu marquée. « Toutefois, ce champignon présente un risque de développement avec le réchauffement climatique », précise-t-elle.
Les principaux symptômes décrits par Dominique Blancard sur le site Ephytia mentionnent des lésions aqueuses, rougeâtres à violettes qui s’initient et s’étendent sur la partie basse de la tige. Par la suite, elles s’éclaircissent et deviennent blanches avec l’âge.
Pourriture noire et tiges pourpres
Des exsudats gommeux, ambrés, apparaissent généralement au niveau des lésions. Lorsque la tige est ceinturée par un chancre, les feuilles flétrissent et se dessèchent et les plantes dépérissent. L’enchaînement de ces trois symptômes doit alerter les professionnels. « D. melonis peut être responsable de pourritures sur les fruits de melon, parfois à partir de la cicatrice stylaire. Dans le cas de melons immatures, les infections peuvent rester latentes et ne se manifester qu’après récolte, en cours de stockage et de conservation », précise le spécialiste de l’Inra, qui souligne que les lésions sur tige sont généralement plus ou moins recouvertes de structures globulaires noires : des pycnides parfois alignées en rangées. Ce ne serait pas le cas sur les fruits pourris. Selon Ephytia, les informations disponibles concernant la biologie et l’épidémiologie de D. melonis restent encore limitées. Ses modalités de conservation ne sont pas connues. « Il doit certainement pouvoir se conserver par l’intermédiaire de son mycélium et de ces pycnides comme de nombreuses autres espèces de Phomopsis », commente Dominique Blancard. L’infection des organes s’initie généralement sur les tissus sénescents et notamment aux endroits sur les plantes où ils sont fréquents : jonctions de la tige et pétioles, vrilles, entre-noeuds. Les pièces florales sénescentes constituent des bases nutritives très propices à la pénétration du champignon. Une fois en place, le mycélium envahit les tissus épidermiques et corticaux, ainsi que les faisceaux vasculaires qui finissent par être détruits.
Que des mesures prophylactiques
Ce champignon produit de nombreuses structures globulaires noires, de formes variées sur les lésions : des pycnides qui produisent des conidies. Celles-ci sont disséminées essentiellement par les éclaboussures d’eau, les outils ou encore les travailleurs au cours de leurs travaux dans les cultures, en particulier si celles-ci sont mouillées. Les conditions favorables au développement de D. melonis sont plutôt mal connues. Le champignon serait favorisé par les conditions d’humidité élevée. Comme de nombreux champignons aériens, il affectionne particulièrement les ambiances humides et les périodes pluvieuses. Les plantes étiolées et/ou hébergeant de nombreux tissus sénescents sont aussi probablement plus vulnérables. Comme pour la biologie de D. melonis, peu d’informations sont disponibles concernant les méthodes protection à mettre oeuvre pour contrôler ce champignon. Il est toutefois conseillé d’associer toutes les mesures et les méthodes permettant de l’éliminer ou de limiter son développement. Aucun fongicide n’a été signalé comme efficace à l’égard de D. melonis. Aucune variété n’a été identifiée comme étant résistante.