Medfel 2014 : les pays du dialogue 5+5
« C'est un marché où l'on apprend à être patient »

FLD : Quelle est la place du marché algérien pour Apifood ?
ERIC TASTAYRE : La société a été créée en 1990. Nous disposons d'un bureau de vente à Montauban et d'une implantation à Cavaillon depuis 2007. Nous réalisons un chiffre d'affaires de 10 M€, surtout avec la commercialisation de pommes, poires, prunes et cerises sur le marché français, à 60 % et à l'exportation pour 40 %. L'Algérie est notre première destination au-delà des frontières françaises et représente plus d'un tiers des volumes hors Hexagone. Nous sommes présents sur cette destination depuis une douzaine d'années. Le marché algérien est à 95 % demandeur de pommes, principalement Golden, Rouge et Gala. Nous avons, sans succès, essayé de diversifier cette offre avec d'autres variétés (Braeburn, Granny, Fuji). De par l'origine Sud-Ouest de notre produit, nous sommes surtout axés sur les variétés Rouge et Gala. Avec une exigence qualitative équivalente, le marché algérien n'est plus un marché d'écart de première catégorie. Nos interlocuteurs ont une connaissance de l'offre française et européenne avec des exigences, même si cette destination reste sensible aux variations de prix.
FLD : De quelle manière approchez-vous ce marché ?
E. T. : En année de production et de cours normaux, l'Algérie est un débouché important qui démarre dès mi-août au début de la récolte française et peut se prolonger jusqu'en mai, avec toutefois une période de gros volumes entre octobre et mars. C'est un marché où l'on apprend à être patient. Patient pour connaître ses interlocuteurs, patient pour appréhender ses attentes spécifiques et parfois régionales, patient pour maîtriser sa lourdeur administrative…, il faut jusqu'à dix documents différents pour expédier un conteneur. Pour autant, l'approche logistique est assez simple. Nous expédions au départ de Marseille, ou de Barcelone, essentiellement en conteneur Dry, même s'il existe une prise de risque pour la tenue de la marchandise. Nous passons en conteneur frigo lorsque les températures risquent d'être trop élevées. Avec un départ le jeudi, le conteneur est au quai d'arrivée entre le mardi et le jeudi suivant.
FLD : Et pour gérer les paiements ?
E. T. : Jusqu'au mois dernier, le gouvernement algérien imposait d'utiliser une lettre de crédit. Il est aujourd'hui possible de passer par une simple remise documentaire, ce qui limite la sécurité et nécessite de bien connaître ses clients. Le risque est aussi lié aux fluctuations de la réglementation. C'est un marché qui nécessite une implication physique, avec des visites et des relations entretenues pour éviter les désagréments. Il nous offre des possibilités de diversification avec d'autres produits français (le kiwi et la noix par exemple), mais aussi avec des agrumes au départ d'Espagne.