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Céleri branche : Un désherbage qui se complique

En vue de pallier le retrait de l’herbicide Afalon 50L, la Sica Centrex (Pyrénées-Orientales) a mis en place un essai comparatif de nouvelles solutions. Des pistes loin d’être satisfaisantes pour les producteurs roussillonnais.

L'essai désherbage mis en place par la Centrex a montré que seul le Challenge à 2,5 l/ha a permis de maîtriser le salissement de la culture.
© Béatrice Bonnet

« L’Afalon 50L est un désherbant qui était très utilisé dans les exploitations maraîchères roussillonnaises. Son retrait en juin 2018 oblige les producteurs de céleris branches à repenser leur stratégie de désherbage dès cette campagne », explique Aude Lusetti, responsable expérimentation maraîchage à la Sica Centrex. Avec près d’une centaine d’hectares en 2018, le céleri branche connaît un renouveau au sein des exploitations roussillonnaises aux dépens de la scarole. Il représente désormais entre 5 et 10 % des surfaces maraîchères. « Avant de se lancer dans cette culture de diversification, les producteurs ont été nombreux à nous contacter afin de se renseigner sur les solutions de désherbage suite à la disparition de l’Afalon », poursuit l’ingénieure d’expérimentation. Dans cet objectif, un essai composé de trois modalités traitées avec respectivement du Challenge 600, Centium CS 36, Prowl 400 comparées à un témoin non traité a été mis en place en 2018. Sur une quatrième modalité, le céleri a été implanté sur du paillage biodégradable de 15 microns avec goutte-à-goutte enterré. L’expérimentation a également porté sur les cinq variétés Lino, Rumba, Istar, Mambo et Tango plantées le 26 juillet.

Positionnés en post-plantation et prélevée des adventices, soit une semaine après la plantation, les herbicides ont été appliqués sur les trois modalités à 2,5 l/ha pour le Challenge 600, 2 l/ha pour le Prowl 400 et 0,2 l/ha pour le Centium 36 CS. L’irrigation est pratiquée par goutte-à-goutte à l’exception du premier arrosage réalisé par aspersion en vue de se mettre dans les conditions de culture des maraîchers roussillonnais.

Des résultats en demi-teinte

Lors de la visite d’essais organisée fin août, une levée importante d’adventices composées de pourpiers (45 %), laiterons (41 %) et diplotaxis (12 %) est constatée sur le témoin non traité. La modalité désherbée avec le Challenge 600 montre un sol parfaitement propre. « Alors que le Challenge 600 a montré une parfaite efficacité sur les adventices, nous avons observé une légère phytotoxicité sur les feuilles de la base qui n’a toutefois pas eu d’impacts sur la culture », tient à préciser Aude Lusetti. L’autre remarque concerne le délai avant récolte de 90 jours de cet herbicide qui ne permet donc pas d’être utilisé sur des cultures précoces. Sur de telles cultures, le Prowl 400 est à conseiller compte tenu de son délai avant récolte de 60 jours. L’essai a mis en évidence une très bonne efficacité de cet herbicide sur le pourpier et moyenne sur le laiteron. « Au regard du salissement à cette date, la culture de céleri ne pourra toutefois pas aller à son terme », souligne la technicienne. A noter également sa forte rémanence dans le sol qui oblige à respecter un délai de 190 à 250 jours pour les replantations de certaines autres cultures. Sur la modalité désherbée avec le Centium CS 36, la culture de céleri est totalement recouverte par les adventices, avec une forte présence de laiterons. A noter toutefois que lors du traitement, les adventices étaient déjà en train de lever ; ce qui peut expliquer, selon Aude Lusetti, son manque d’efficacité. « Dans le cadre de notre essai, seul le Challenge à 2,5 l/ha a permis de maîtriser le salissement de la culture. Il faut toutefois prendre en compte sa légère phytotoxicité et ce, quelle que soit la variété », conclut-elle.

Le paillage biodégradable efficace mais coûteux

La culture installée sur du paillage biodégradable ne présente aucun salissement. « A l’instar de ce qui a été développé en artichaut dans le cadre du programme Dephy Ecophyto, l’installation de la culture de céleri sur buttes avec paillage biodégradable constitue une alternative efficace mais avec un surcoût difficilement supportable pour les producteurs. Cette solution peut être envisagée dans le cadre d’un mode de conduite biologique où la valorisation est supérieure », termine Gilles Planas, conseiller maraîchage à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales.

Les maraîchers roussillonnais face à une impasse

Installé sur une exploitation maraîchère de 20 ha de cultures plein champ et 2 ha d’abris, située en Salanque dans le Roussillon, Ludovic Combacal produit annuellement 400 000 pieds de céleris branches depuis quatre ans. Des surfaces que le retrait récent de l’Afalon 50L pourrait remettre en question. « La disparition de l’Afalon nous met face à une impasse technique majeure qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’avenir de la culture de céleris branches sur nos exploitations alors que le marché est très demandeur », s’insurge Ludovic Combacal. La problématique rencontrée par les producteurs roussillonnais est liée au positionnement de leur production. « Pour être rentables, nos productions de céleris branches doivent arriver après les gros volumes du Val de Loire. Avec un créneau de production qui va de Noël jusqu’au printemps, les maraîchers roussillonnais doivent planter tardivement, de fin août à début septembre. Cela exclut l’utilisation du Challenge 400 dont la phytotoxicité pourrait avoir un impact trop important sur le développement de la plante », explique-t-il.

Les IFT à la hausse

Pour cette première saison sans Afalon, Ludovic Combacal a fait le choix d’appliquer un Prowl 400 le 9 septembre, soit 8 jours après plantation pour que le céleri soit bien implanté. « Au moment de l’application de l’herbicide, des adventices étaient déjà levées. Les effets après applications n’ont pas été suffisants et ne permettront pas d’accompagner la plante jusqu’au stade de couverture totale », précise-t-il. Il projette alors de réaliser une application de Challenge 400 mais en localisé afin d’éviter tout problème de toxicité. « Cette deuxième application ne me garantit pas une bonne maîtrise des adventices et représente un coût non négligeable mais je n’ai pas le choix », dit-il en appelant les pouvoirs publics à réviser leur décision en attendant que des alternatives efficaces soient trouvées. « De plus, avec cette stratégie herbicide, nous allons faire exploser les IFT sur nos exploitations alors que nous nous étions engagés dans une baisse drastique des intrants depuis plusieurs années », avertit-il. Une aberration pour Ludovic Combacal, président du GIEE Acrephyl et engagé dans le réseau roussillonnais des fermes Dephy Ecocphyto !

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