Litchi
Campagne 2008-2009 : une stabilisation des importations ?
En dehors de la période des fêtes, les ventes de litchis sont plus difficiles. Inconsciemment, le commerce a peut-être créé une forte “saisonnalité”.
Le ralentissement des importations européennes provient surtout des origines qui expédient des fruits en dehors de la période de fin d’année. Si Israël a stabilisé ses expéditions durant l’été 2008, la Thaïlande semble avoir réduit ses envois. L’Australie, réalisant une petite campagne entre janvier et mars, a été absente au premier trimestre 2009. Le Mexique et la Chine se sont manifestés de façon ponctuelle à la fin du premier semestre 2008. Pour la période de fin d’année, c’est l’Afrique du Sud qui accuse un net repli de ses expéditions, avec - 70 % par rapport à la campagne antérieure. Bien sûr, ces défections sont parfois liées à de mauvaises conditions climatiques, lesquelles influent sur le niveau de production. Cependant, les difficultés de commercialisation laissent à penser que la stagnation observée traduit un malaise plus profond. En dehors de la période de fin d’année, les ventes paraissent plus lentes et plus difficiles, avec des cours qui fléchissent plus rapidement et des fins de lots souvent écartés de la commercialisation pour raisons qualitatives. Certains y verront aussi les effets de la crise économique. Ils n’ont sans doute pas tort. L’importance prise par la campagne d’hiver, en termes de volumes proposés à des prix compétitifs, apparaît comme un élément fondamental de ce ralentissement des importations. Pourquoi payer cher un produit disponible à bon marché à la veille des fêtes de Noël ? Inconsciemment, le commerce a peut-être créé une forte saisonnalité pour ce produit, qui pourtant n’en a guère si l’on considère le nombre d’origines susceptibles de fournir le marché européen. Le litchi serait en quelque sorte victime de son succès.
Une course au tonnage préjudiciable sur le marché
Mais ce succès reste très relatif si l’on étudie de plus près la campagne de commercialisation des litchis de l’Océan Indien. Le démarrage précoce des expéditions, par avion, en novembre 2008 ne s’est pas suivi d’un engouement particulier de la part des consommateurs, plus regardants quant à leurs dépenses alimentaires. Même lorsque des litchis frais se vendaient sur les marchés autour de 6,00 €/kg, alors que leurs prix habituels s’approchaient plutôt du triple, les ventes n’en étaient pas sensiblement augmentées. L’approvisionnement en litchis acheminés par voie maritime a débuté dès la première semaine de décembre, soit 10-15 jours plus tôt que les campagnes antérieures. La réduction des volumes réceptionnés avant Noël en provenance de Madagascar, prévue par les professionnels aux vues des résultats médiocres de 2007, ne s’est pas traduite par de meilleures ventes. Les prix satisfaisants des premiers lots se sont dégradés rapidement. Paradoxalement, la dernière phase de la campagne, approvisionnée par des litchis transportés par conteneurs maritimes, a anéanti tout espoir de redressement des cours. En effet, pour la première fois, les volumes de cette période sont dépassés ceux livrés à l’occasion des fêtes de fin d’année, alors que la demande faiblissait rapidement et que la qualité des fruits se dégradait parallèlement. Cette course aux tonnages n’a fait qu’empirer les conditions de marché, débouchant au final sur des résultats économiques très controversés.
Il est étrange que les professionnels n’aient pas adapté l’offre aux nécessités du marché. L’engrenage quantitatif dans lequel s’est engagée Madagascar depuis plusieurs années, s’il prouve la capacité des exportateurs à traiter des volumes croissants, est contre-productif quant aux résultats escomptés. La campagne de commercialisation du litchi de l’Océan Indien a tendance à se concentrer autour des fêtes. Pourquoi déverser des quantités superfétatoires par la suite, alors que chacun est bien conscient qu’une partie de ces marchandises ne sera pas vendue ? La croissance du marché du litchi a peut-être été trop rapide, et l’emballement de la machine se révèle difficile à ralentir. C’est pourtant à cette tâche que devront s’atteler les opérateurs, pour reconstruire des campagnes plus harmonieuses et plus rentables pour ce fruit, original et savoureux.