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Melon - Sud-Ouest
Cadralbret, défenseur du terroir et des hommes

Avec ses trente producteurs installés dans le bassin de Nérac/Lectoure, Cadralbret possède un potentiel de 2 000 t et commercialise traditionnellement les melons du 10 juin au 14 juillet. Il prépare cependant l’avenir.

Cette année dans le Sud-Ouest, les surfaces en melon semblent avoir légèrement augmenté (400 ha) rattrapant le fléchissement de 2011. Il apparaît néanmoins que cette progression est disparate, les petites continuant de disparaître alors que les plus importantes sont stables ou en légère progression. Légère progression qui traduit l’obligation pour ces dernières de compenser les pertes de volumes liées à la réduction du nombre d’adhérents ou d’apporteurs.
Cadralbret (Lot-et-Garonne) – qui travaille sur le bassin de Nérac/Lectoure – subit cette situation, mais son directeur, Pierre Faval, reste pourtant optimiste. « Nous avons perdu environ 10 % de nos surfaces, résultat d’une succession d’années difficiles. C’est plus particulièrement le cas de la campagne 2011 durant laquelle les rendements ont été faibles et les prix peu intéressants. Dans le cadre plus général de Nérac/Lectoure, le paysage a profondément évolué depuis dix ans. Les petites exploitations disparaissent et l’on assiste au développement d’une production industrielle. D’un côté nous avons les exploitations traditionnelles, vouées à la polyculture et dotées d’un atelier melon, de l’autre de vastes exploitations qui se spécialisent et produisent aussi à l’étranger. Cadralbret n’a pas fait ce choix qui n’était pas dans notre état d’esprit. Notre objectif est de conserver une implantation locale et donc de faire vivre les gens de la région. La question s’était déjà posée en 1985 pour la tomate : fallait-il investir au Maroc ? Le conseil d’administration s’est clairement prononcé pour la construction de serres ici, et quelques années plus tard nous existons encore car nos outils sont proches et nourrissent les familles de producteurs et de salariés. Quand on enlève le potentiel humain, on ne le remplace pas et ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. Notre finalité, ce sont les hommes de la région. »

Mise en place d’un système de “contractualisation”
Cadralbret commercialise traditionnellement les melons du 10 juin au 14 juillet environ. « Cette année nous serons peu présents en juin à cause du retard inhérent aux pluies mais très présents en juillet. » C’est-à-dire sur le même créneau que les grandes structures du Languedoc-Roussillon. « En tant que telle, la production de Nérac/Lectoure a peu d’avenir. Il faut revoir l’ensemble de paramètres : les coûts de production, la sauvegarde des rendements et le maintien des producteurs pour sortir des volumes. » Raison pour laquelle, la coopérative a mis en place un système de “contractualisation” avec ses adhérents. « Quinze producteurs sont engagés dans cette démarche de contractualisation. Ensemble, nous avons travaillé à détecter ce qui pêchait pour y remédier et garantir qualité et rendements. Nous apportons un suivi technique pour les producteurs qui s’engagent sur des surfaces, des variétés et des périodes de production. En échange de quoi, la coopérative s’engage à commercialiser tous les volumes, avec une échelle de prix rémunérant la qualité. Par ailleurs, nous avons investi dans du matériel d’assistance à la récolte dont bénéficient douze producteurs. Certes, ce n’est pas la panacée, mais ce matériel réduit la pénibilité de la tâche et incite les agriculteurs à maintenir leurs surfaces. C’est notre souhait et ce à quoi nous nous attendons. Dans l’avenir, nous pensons que le nombre de producteurs va diminuer mais qu’à quelques hectares près les surfaces vont se stabiliser : les producteurs qui resteront vont certainement faire le choix d’ateliers plus importants. »
Adhérent de l’AIM (Association interprofessionnel melon), Cadralbret aime à jouer le collectif. Néanmoins les espoirs de Pierre Faval d’une IGP ont fondu dans les méandres administratifs. « Cette IGP était une démarche de communication mais pas de commercialisation. Tout était bouclé, même le choix du nom de cette IGP. Nous avions fait la démonstration d’un passé commun, mais le projet a achoppé sur une exigence de l’administration. Celle-ci voulait que nous supprimions l’un des noms, Nérac ou Lectoure, arguant que ces deux zones appartenaient à deux régions administratives différentes, Midi-Pyrénées et Aquitaine. La possibilité nous était donnée de monter deux projets d’IGP mais c’était utopique en raison des faibles volumes. Il n’en reste que le cahier des charges que nous sommes les seuls à utiliser pour notre marque Bosoleil. Il est bien vivant mais un peu tombé dans l’oubli d’autres structures. »

« Nous croyons encore au melon »
Avec ses trente producteurs, Cadralbret possède un potentiel proche de 2 000 t. « C’est déjà difficile à gérer et nous avons dû revoir nos prévisionnels. Nous distribuons dans les plates-formes régionales, mais notre atout est de pouvoir présenter une gamme complète de produits (des tomates, des melons, des asperges, des concombres, des fraises, des salades, des courgettes, des kiwis, etc.), ce qui nous permet de garder nos clients. »
Reste que la coopérative prépare l’avenir. « Il est indéniable, qu’à un moment nous aurons des choix à faire. Si la culture du melon n’est plus rentable pour nos adhérents, si nous perdons des volumes et que le potentiel ne nous permet pas de garder nos clients, à l’évidence, nous conseillerons aux coopérateurs de se tourner vers d’autres productions. Mais nous n’en sommes pas là. Nous croyons encore au melon et à l’image que peuvent apporter Nérac et Lectoure. Cela n’est pas toujours simple, mais nos clients nous suivent encore », conclut Pierre Faval.

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