Europe
Brexit : « Les opérateurs fruits et légumes seront prêts si les administrations le sont »
Alors que les négociations du Brexit se poursuivent, Philippe Binard, délégué général de Freshfel, fait le point pour les fruits et légumes.
Alors que les négociations du Brexit se poursuivent, Philippe Binard, délégué général de Freshfel, fait le point pour les fruits et légumes.
FLD : Où en est-on sur le dossier du Brexit que Freshfel suit de près ?
Philippe Binard : Manifestement, on se dirigerait vers un Royaume-Uni devenant un pays tiers le 29 mars 2019 à minuit. Cela implique des frontières. Qui dit frontières, dit un minimum de contrôles. L’option "double zéro", c’est-à-dire aucun droit de douane, est-elle envisageable ou une des parties voudra protéger son marché intérieur ? On peut apprécier le pragmatisme britannique pour maintenir au maximum l’accès au marché unique mais il y a quand même des règles à respecter.
FLD : Quelles règles en particulier ?
Ph. B. : Être pays tiers, c’est être sous le régime de l’OMC et de contraintes douanières internationales (certificats d’origine, phytos…) Les structures anglaises seront-elles en mesure de faire les contrôles ? L’Espagne, principal exportateur, pourra-t-elle traiter la masse de travail représentée par cette contrainte administrative sans préjudice pour les fruits et légumes ? Dans ces échanges avec les autres pays tiers, le Royaume-Uni bénéficie des 46 accords européens de libre-échange : au 30 mars, ceci ne s’appliquera plus. Le Royaume-Uni devra renégocier avec ces pays et entre temps devra sans doute appliquer des droits de douane pleins. Il faudra par ailleurs rectifier les contingents tarifaires pour spécifier la part de l’UE-27 et du Royaume-Uni. Et il est ardu de quantifier au cas par cas les volumes passant par Rotterdam en libre pratique…
FLD : Que peut-on attendre alors ?
Ph. B. : S’il doit y avoir une période transitoire, il nous faudra trouver une solution réaliste évitant l’application de règles qui nécessite des changements pour les opérateurs. Le secteur dispose toujours de flexibilité, mais les opérateurs seront prêts que si les administrations, européennes et anglaises le sont. C’est le message que Freshfel fait passer auprès de l’équipe de Michel Barnier.