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Bordeaux-Brienne, une renaissance

Le Min de Bordeaux-Brienne a mis à profit l'arrivée de l'opération d'urbanisme d'intérêt national Euratlantique pour doper son activité et s'ouvrir sur la ville.

Euratlantique a mis en péril la présence du Min de Bordeaux-Brienne. La volonté des politiques qui ont fini par “sanctuariser” le Min et le travail de terrain du directeur du Min André Frey ont transformé cette contrainte en opportunité. Si cette opération Euratlantique a pris une grande part de son quotidien, André Frey l'a vécue comme « une école d'ouverture, une grande décharge électrique… qui a ébranlé toutes les stratégies mises en place ». Elle a motivé la CUB(1) à commanditer une étude de fond “Quel Min à Bordeaux demain ?”. Un travail de dix-huit mois qui a conduit le marché à se mettre en ordre de marche pour préparer “l'agglomération millionnaire” à l'horizon 2030, soit un tiers d'habitants supplémentaires pour le grand Bordeaux.

Le Min, en progression, a passé la barre des 120 entreprises. Un Cash & Carry du groupe Carrefour ouvrira au dernier trimestre 2014. Le marché va créer un secteur volailles-salaisons-produits du terroir. Autant d'opérations qui s'inscrivent dans une volonté de répondre aux nouvelles attentes sociétales (qualité alimentaire sanitaire et gustative, réduction des déplacements…). Bordeaux-Brienne est aujourd'hui contraint dans ses 14 ha, au sein d'un programme d'urbanisme verrouillé. Pour accompagner ses perspectives de développement, l'idée d'une annexe est née. « Les terrains sont repérés. Elle pourrait, par exemple, se situer sur la commune voisine de Bègles » et accueillir « des opérations tiroirs ». Si l'on faisait une seconde halle fruits et légumes, on pourrait y transférer des activités de transformation ou la logistique lourde. « Une restructuration à la carte », résume André Frey qui évoque l'horizon 2015.

Ouvrir et diversifier

Aménagement stratégique pour le Min, un nouveau pont franchira la Garonne en face de Brienne fin 2018. Après la réhabilitation de la grande halle, en 2006 (un investissement de 11 millions d'euros), le Min va créer, en 2015, un nouveau centre “interface produits” pour remplacer ce qui relevait de la gestion des “déchets”. « Il faudra que cette station soit parfaitement intégrée au Min et au quartier », insiste André Frey qui évoque un concept nouveau de “station nature” au cœur du quartier. Autres pistes : un espace logistique urbain avec des voitures électriques pour les livraisons dans le tissu urbain et une structure couverte multi-usages. Dans le même sens, un gros travail de “mise en scène” va porter sur l'intégration urbaine, avec des efforts de signalétique, d'aménagements paysagers pour faire une transition entre le marché et le quartier. L'ensemble mobilisera « entre 5 et 7 millions d'euros sur six ans ».

Même si le secteur fruits et légumes, présent dès la naissance du marché, reste majoritaire, représentant les deux tiers de l'activité, le Min joue la polyvalence et s'ouvre incessamment à de nouvelles activités. Il avait par exemple accueilli Fresh Frites, fournisseur de frites crues pour la restauration.

Le bio s'installe

En novembre 2011, André Frey a voulu faire revenir des producteurs sur le carreau du Min. Loc Halle Bio est le premier interlocuteur de cette opération, avec un choix affirmé : pas de négoce, seulement la production d'agriculteurs. La mise en place a pris du temps. Depuis juillet dernier, des producteurs ont commencé à adhérer et Loc Halle Bio a pris le tournant du tout bio. « Parce que les producteurs intéressés étaient bio, tout simplement », explique le lot-et-garonnais Marc Faugeron, président de Loc Halle Bio, qui a transféré l'activité de sa tournée sur la structure pour amorcer le mouvement.

Au dernier trimestre 2013, l'association est devenue une SCIC(2), avec le soutien des Pouvoirs publics et des collectivités territoriales. Loc Halle Bio regroupe une quinzaine d'adhérents et une dizaine d'apporteurs. Elle cible la Gironde et ses départements limitrophes parce que « être bio, c'est bien. Etre local, c'est encore mieux », insiste Marc Faugeron. La gamme, qui porte sur « tout ce qu'on peut trouver en maraîchage et en fruits et légumes », s'étoffe en saison et avec l'arrivée de nouveaux agriculteurs. Les producteurs fournissent le Min et Loc Halle Bio livre les clients, surtout des magasins spécialisés.

L'activité a démarré concrètement en mars 2014. La SCIC est installée dans une case à l'entrée du Min, sur 60 m2 , avec frigo et bureau. Elle paie le même tarif que les grossistes mais a été dispensée de droit d'entrée par décision du Conseil d'administration du Min parce que c'est « un système un peu hybride entre la concession commerciale et le carreau de maraîchers », explique André Frey. Cela n'a pas été évident mais la cohabitation se passe bien. « On fait même du commerce avec les grossistes qui avaient une demande en bio, observe Marc Faugeron. Aujourd'hui, notre frein, c'est le manque de production. Nous sommes de 15 à 20 % au-dessus des chiffres de l'étude prévisionnelle. »

La Régie du Min emploie une trentaine de personnes, organisées en équipes. Et sur le marché, qui a célébré son cinquantenaire, travaillent plus d'un millier de salariés.

(1) Communauté urbaine de Bordeaux. (2) Société coopérative d'intérêt collectif.

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