Social business
“Bon et Bien”, une recette sociale à diffuser largement
Des producteurs, un transformateur et une enseigne commerciale prouvent qu'ils peuvent agir pour le bien commun malgré quelques divergences d'intérêts.
Cette recette sociale doit faire tache d'huile de toute urgence. Et au plus vite ! En lançant de façon très officielle (peut-être un peu trop d'ailleurs !) les trois premières soupes à la marque “Bon et Bien” le 28 mai à Templeuve (Nord), les promoteurs d'un “social business” à la française ont donc voulu marquer les esprits dans l'enceinte même d'un des trois hypermarchés E. Leclerc de la famille Pocher implantés en banlieue lilloise. Ils ont surtout voulu marquer leur volonté de faire de leur première initiative « un projet reproductible et pérenne attaquant à la fois ces matières premières agricoles qui n'arrivent pas jusqu'au consommateur [les écarts de triage, ndlr] et la réinsertion de personnes en grande difficulté ». “Bon et Bien” est une initiative qui s'attaque “modestement” au problème du gaspillage alimentaire par le biais de l'insertion de personnes en grande difficulté socialement. L'initiative de cette recette sociale en revient à Jean Bernou, PDG McCain Europe Continentale, et Lucile Celisse, VP Retail et Communication, qui ont pris modèle sur une expérience analogue (CampoVivo) développée par le numéro un mondial de la frite en Colombie sous le parrainage de Mohammad Yunus et destinée à “gagner de l'argent pour attaquer un problème social”.
L'initiative s'attaque au problème du gaspillage alimentaire par le biais de l'insertion de personnes en grande difficulté socialement.
Ces entrepreneurs ont entraîné dans leur sillage Thomas Pocher, propriétaire de trois magasins E. Leclerc de la métropole lilloise, le numéro deux mondial de l'intérim (Randstad France), le Gappi (les producteurs livrant McCain) et le réseau des Banques Alimentaires. « On a fait de la co-création pour un modèle que l'on souhaite innovant et chacun y a eu un rôle bien précis. Chez McCain, celui de facilitateur de projet, chez Ranstad, l'accompagnement professionnel et social et chez E. Leclerc la production et la commercialisation », explique Jean Bernou. Pour les recettes, les créateurs ont eu le soutien de Clément Marot et de Maxime Schelstraete, deux chefs bien connus à Lille. Présent lors de ce lancement officiel, Michel-Edouard Leclerc a salué comme il se doit la démarche. « Ce que vous avez initié, on va le démultiplier sur le territoire. Je voudrais que l'ensemble des 600 chefs d'entreprise du réseau puisse s'inspirer de cette expérience et participe à un puzzle d'initiatives qui concourent aux mêmes objectifs », a-t-il ainsi lancé, non sans faire allusion « à cette hypocrisie qui consiste à corréler lutte contre le gaspillage alimentaire et aide alimentaire ». Décidément le débat du 21 mai qui s'est déroulé à l'Assemblée nationale ne passe pas dans la GMS…