Bigarreau d’industrie : pas de cerise sur le gâteau
Le différend qui oppose les producteurs de cerises d’industrie et les industriels n’est toujours pas résolu malgré plusieurs rencontres entre les différentes parties qui ont eu lieu ces jours-ci. Explications.
Une troisième rencontre entre producteurs de cerises d’industrie et industriels était programmée lundi soir à Paris avec le Cabinet du ministre de l’Agriculture. Car ni la réunion de vendredi après-midi, ni celle de samedi organisée dans la discrétion pour éviter “les processions et les invectives” n’ont suffi à régler le différend qui les oppose.
Lundi matin, les négociations menées au sein du conseil d’administration de l’Anibi étaient toujours dans l’impasse, Kerry campait sur ses positions, les producteurs sur les leurs. “Il y a eu des avancées, constate Jean-Pierre Cuxac, président de l’Anibi, mais elles sont insuffisantes.” Après de nombreuses tergiversations, Albert Macquaid, directeur général de Kerry Europe, venu en personne à Avignon, a lancé ce qui pourrait être sa dernière offre à 66 cts/euro prix unique. C’est 6 cts de plus que son offre initiale, mais une baisse de 40 % pour la récolte manuelle et de 20 % pour la récolte mécanique.
Les industriels emboîtent le pas de Kerry
Par ailleurs, la réunion de l’Anibi vendredi a clairement démontré que les industriels emboîtaient le pas de Kerry et qu’une baisse des prix généralisée dans toutes les unités de transformation est d’actualité. Il n’est pas exclu également que cette révision à la baisse ait un impact direct sur les prix de contrats poire qui sont en cours de négociation.
L’autre pierre d’achoppement, c’est le volume “qui est loin d’être réglé”. Les industriels estiment leurs besoins globaux à 9 500 t, alors que les prévisions de récolte s’élèvent entre 13 et 14 000 t. “La distillerie peut absorber de 1 000 à 1 500 t supplémentaires, l’export en saumure 500 t. La possibilité d’un stock interprofessionnel de 1 000 t n’est pas écartée, mais pour l’heure, rien n’est acté, déplore Jean-Paul Ravier, directeur du Cebi. Je crains qu’une partie de la récolte, en particulier celle produite loin de Kerry reste sur les arbres.”
A l’évidence, les producteurs n’obtiendront pas ce qu’ils revendiquaient haut et fort vendredi, à savoir le respect des termes de l’accord pluriannuel. “Même les plus vindicatifs ont compris que c’était irréaliste. Nous devons maintenant sauver ce qui peut l’être et vraisemblablement tirer un trait définitif sur la récolte manuelle. Maintenant il faut attendre l’issue de la réunion au ministère. Soit un pas est fait d’un côté ou de l’autre, soit les Pouvoirs publics doivent s’engager pour trouver une solution.”
Plus en colère, Jean-Pierre Cuxac qui a été l’artisan des accords interprofessionnels il y a trente ans, prévient : “Ce sera ma dernière démarche. Au pire des cas, je militerai pour l’arrachage total du verger de cerisier.”