Assemblée nationale
Belpomme en prend plein la poire
Que reste-t-il du rapport Belpomme sur la présence de chlordécone aux Antilles ? Plus grand-chose, après son passage devant une commission parlementaire.
Le Professeur Belpomme était auditionné, mercredi dernier, par la Commission économique de l’Assemblée nationale. C’est peu de dire que le face-à-face de Dominique Belpomme avec des députés, d’une part, et ses confrères, d’autre part, a tourné au désavantage du cancérologue.
Dès le départ, Patrick Ollier, président de la Commission, a mis la pression sur le professeur. « Je veux savoir où est la vérité », a déclaré le député, mettant en doute les travaux du professeur, contestant des « affirmations catégoriques et définitives ». Un autre député, Jacques Le Guen a pourfendu « les déclarations sans arguments scientifiques » de Belpomme. Mais c’est surtout la confrontation avec ses collègues scientifiques qui a été la plus cruelle. Ainsi, le docteur Multignier de l’Inserm a durement contesté les travaux du professeur sur la forme et sur le fond. Sur la forme d’abord : « Mes propos risquent d’être un peu plus denses que les précédents», attaque-t-il d’entrée. « Je vais résumer neuf années de travaux, et non un travail de quelques jours », poursuit-il rappelant qu’avec son équipe il s’est « autosaisi du dossier des pesticides en 1999 ». Sur le fond ensuite, Luc Multignier a contesté le lien entre chlordécone et cancer de la prostate. A sa suite, des représentants de l’Afssa et de l’Institut de veille sanitaire ont démoli les uns après les autres les principaux arguments de Dominique Belpomme.
Devant une telle rafale de critiques, le cancérologue a d’abord tenté d’esquiver, reportant la responsabilité sur les journalistes qui ne l’avaient pas compris, ou sur les épidémiologistes antillais qui l’auraient trompé. Puis, après plus de trois heures d’une audition serrée, le professeur Belpomme a finalement, en partie, rendu les armes. Il a dans un premier temps reconnu que son rapport contenait des imperfections, pour finir par admettre que « son rapport, sur certains détails, est inexact ».
La politique s’est aussi invitée à cette audition. Patrick Ollier (UMP) a reproché aux socialistes d’être à l’origine de « l’agitation médiatique autour du rapport Belpomme ». De son côté, Victorin Lurel, député (PS) de Guadeloupe, a martelé son exigence d’une commission d’enquête parlementaire sur le chlordécone, mais semble-t-il sans convaincre, y compris ses collègues de l’opposition.