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Tribune Libre
B. Piton : « Certaines orientations attisées par des lobbies tendent à fragiliser le commerce de gros »

Au nom des grossistes, qui se sentent de plus en plus exclus des débats actuels, le président de l’UNCGFL a décidé de publier une lettre ouverte destinée à la filière et aux Pouvoirs publics.

En tant que président de l’Union nationale des commerces de gros en fruits et légumes (19 000 salariés), il me semble nécessaire en ce moment important de débats sur la loi de modernisation de l’agriculture (LMA) ainsi que sur le statut des Min, de faire quelques mises au point. Des produits aussi complexes, incertains, fragiles et périssables, saisonniers, hétérogènes que les fruits et légumes frais ne vont pas du champ à l’assiette par une simple opération de transmutation spatio-temporelle qu’une vision simplificatrice voudrait bien laisser supposer ! Sans pédagogie de cette complexité, sans reconnaissance de tous les métiers et de leurs contraintes, sans respect pour les maillons ou acteurs intermédiaires qui réussissent à mettre en adéquation les aléas de la production avec la demande, nous aurons peu de chance de séduire de façon importante les consommateurs tout en rémunérant dignement toutes les valeurs ajoutées apportées au long de cette filière. A moins de faire le choix d’une économie de massification : mais alors, ce n’est plus la même filière f&l, ce n’est plus la même diversité de l’offre, ce n’est plus le même modèle de production et de distribution et il n’est pas certain que nous soyons en France les mieux placés pour répondre à cette logique hyperproductiviste.
Nous sommes tous, dans cette filière, des acteurs d’une économie de marché ; on essaie depuis des années d’imposer à celle-ci des schémas d’économie administrée auxquels on rajoute régulièrement des couches successives ! Ça ne marche pas, ou alors on le saurait déjà. Mais on affaiblit chaque fois un peu plus le recours au discours interprofessionnel où se trouvent les seuls acteurs susceptibles d’écrire les codes de fonctionnement de la filière au travers de guides de bonnes pratiques individuelles et collectives. Les entreprises de gros, acteurs professionnels traditionnels au cœur de la filière des f&l frais, sont aujourd’hui interpellées par l’attitude croissante de mise à l’écart ou ignorance à leur encontre. Beaucoup de monde s’acharne, dans un concert de discours démagogiques, à vouloir gommer ces entreprises, le plus souvent par ignorance à moins que ce ne soit par jeu politique ou concurrentiel. Alors qu’elles sont :
- le circuit le plus court lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre et valoriser des gammes larges et profondes de produits frais hyperpérissables ;
- idéalement organisées pour être tous les jours à la porte des écoles et des magasins de proximité, car organisées sur la logistique la plus adaptée aux stratégies de fragmentation et de ce fait garantes de la diversité des mises en marché ;
- parmi les premiers contributeurs à la collecte et au financement des actions interprofessionnelles. Il est vrai que nous sommes plus experts dans le fruit et le légume que dans l’art de la communication.
Le débat engagé, entre autres, à l’occasion de la LMA exacerbe cette situation. Certaines orientations attisées par des lobbies et des acteurs du jeu concurrentiel, en dehors de tout débat interprofessionnel, tendent à fragiliser le commerce de gros dont force est de constater que beaucoup de personnes en parlent de façon caricaturale sans pour autant réellement bien en connaître son fonctionnement et ses processus de création de valeur. Mais du même coup, c’est un vrai choix de filière et de société auquel nous sommes aujourd’hui confrontés : celle des f&l frais variés, avec un vrai contenu de valeur, à forte expertise produit et humaine ou celle des f&l banalisés à forte expertise productiviste et politique.
Cela mérite, à mon sens, un peu de réflexion et de discussion. C’est pour le moins un exercice où il nous semble urgent que nous soyons écoutés.

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