François Lafitte, président de l’Apfelso (Association des producteurs de f&l du Sud-Ouest) et de la Gefel
« Avec le Ceta, nous devons être opportunistes ! »
François Lafitte relate, pour FLD Mag, sa visite au Canada et les opportunités que représente le Ceta.


Une délégation de l’agroalimentaire européen, conduite par Phil Hogan, s’est rendue au Canada du 1er au 3 mai (cf. FLD Hebdo du 11 mai 2017), notamment au Sial Toronto, pour promouvoir nos produits. François Lafitte représentait les f&l sous signe de qualité, l’Apfelso ayant été porteuse du programme de promotion européen 2013-2017.
FLD : Le Ceta n’est-il pas un risque pour nos Siqo ?
François Lafitte : C’est un accord important car, outre la baisse des taxes, il va reconnaître et accorder un statut spécial à certains Siqo européens. Une liste va être négociée. Notre avis est demandé, le lobby concerne surtout les produits laitiers et vins et spiritueux, au vu de leur poids économique. Mais les f&l sous signe de qualité restent un sujet sensible que je travaille. Le Canada n’a pas d’équivalent à nos Siqo, à part le bio. Le distributeur et le consommateur canadiens y sont encore peu sensibles, mais il y a un intérêt. Il faut leur apprendre le sens de la qualité des terroirs.
FLD : Y a-t-il un marché pour les f&l européens au Canada ?
F. L. : Au Sial Toronto, nous avons eu une présentation de ce que représente l’UE pour le marché canadien. C’était très intéressant. Au Canada – 36 millions d’habitants –, l’approvisionnement local de f&l est restreint, en raison du climat. Les Canadiens sont donc très ouverts à l’import f&l. Avec le Ceta qui va faciliter les échanges, nous – les f&l européens – devrions être opportunistes. Aujourd’hui, l’export vers le Canada est encore faible mais en progression : 33 000 t en 2010, 79 000 t en 2015 ! Nous sommes passés de l’anecdote à un vrai courant d’affaires, en particulier pour les agrumes, kiwis, poivrons, pommes, poires et fruits à noyau, quelques légumes tels les aulx et choux… L’entrée sur le marché canadien sera facilitée avec le Ceta, dès lors que l’on répond à leurs exigences SPS. Pour les f&l qui ne sont pas produits là-bas, comme le kiwi, pas de souci. Pour les autres, comme la pomme, il faut convenir à des accords sanitaires. On est capable de répondre à ça. Il faut saisir cette opportunité.
FLD : Mais pouvons-nous être compétitifs ?
F. L. : Le deuxième point que j’ai retenu de cette présentation, c’est qu’on peut être compétitifs par rapport aux principaux fournisseurs que sont le Mexique, la Floride, la Californie, car leurs coûts de transport sont équivalents ou supérieurs aux nôtres. Ce n’est pas parce que nous avons un océan à traverser que c’est impossible ! Nous avons des solutions techniques et compétitives !
FLD : Vous avez aussi visité des magasins canadiens. Quelles pistes pour les f&l français en avez-vous tiré ?
F. L. : Nous avons effectivement visité des magasins de distributeurs (Loblaws, Metro), des épiceries haut de gamme, etc. Il y a une facilité du consommateur et du distributeur canadiens à acheter de l’import. De plus, le Canada est très multiculturel et ethnique et ça se retrouve dans les linéaires – avec des f&l exotiques par exemple –. Ensuite, on voit que c’est un marché qui évolue vers une recherche de produits élaborés avec des mini-légumes encore plus microscopiques, des microplants de salade, de coriandre… Enfin, il y a une forte demande pour le bio. Nous avons des opportunités à saisir ! En pommes, par exemple, je trouve que l’offre du rayon n’est pas très élaborée : on trouve quelques fruits québécois, beaucoup de Washintown, mais que des pommes vertes et des rouges, très peu de bicolores, etc. Nous, Français, pouvons donc faire des propositions intéressantes.
Même logistiquement, l’UE peut être compétitive.