Lot-et-Garonne
Avec la nouvelle réglementation phyto, le verger témoin enregistre 100 % de pertes
Un arboriculteur a suivi à la lettre la directive phyto sur 15 ha de Golden et Gala. Sa récolte est juste bonne pour le jus de pomme.
Lorsqu’à la demande de Jacques Sanz, producteur et initiateur de l’expérimentation, il s’est engagé à conduire 15 ha de vergers en suivant mot pour mot le cahier des charges de la nouvelle réglementation phyto, Charles Benedetti, arboriculteur au Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne), n’avait pas d’a priori.
Six mois après, les résultats sont éloquents. Non seulement la totalité de sa récolte est impossible à commercialiser comme fruits de table, mais le verger expérimental a dû être traité 34 fois contre la tavelure (pour un résultat nul), contre 20 fois seulement pour ses 15 autres hectares de vergers, conduits en respectant la charte PFI et restés dans un état sanitaire parfait. Pourtant, les conditions climatiques et les variétés de pommiers étaient identiques.
« Je pensais que cette expérience allait être un “super PFI”, raconte-t-il. Mais les contraintes imposées par la directive, comme l’interdiction d’entrer sur une parcelle après traitement pendant 48 heures ou de traiter si le vent souffle à plus de 19 km/h, rendent le travail impossible et compliquent beaucoup la gestion du personnel. Sans compter qu’on est obligé de s’équiper d’une station météo liée au téléphone portable (d’un coût de 12 000 euros) qui sonne dès que le vent atteint la vitesse fatidique. »
Le suivi de cette expérimentation a été assuré par une commission regroupant six producteurs, deux techniciens, des ingénieurs du Cefel (Centre d’expérimentation fruits et légumes) et un expert judiciaire qui a effectué 46 visites de contrôle, entre le 17 mars et le 31 août derniers. « Trois contrôles sur les maladies et les parasites ont été réalisés par la commission et nous avions convié un huissier lors du dernier, pour qu’il constate l’état de la récolte,précise Jacques Sanz. Aujourd’hui, nous demandons un moratoire et l’arrêt de l’application de la directive. Nous ne sommes pas contre les évolutions, mais il faut qu’elles aient été validées auparavant et qu’elles ne mettent pas la profession en danger. »