Exemple d'une fraise très locale
Au Marché de Phalempin, les fraises ont pris des couleurs!
La fraise de Phalempin a trouvé sa niche commerciale au Nord de Paris. En travaillant avec un confiturier, elle a décidé d'aller encore un peu plus loin dans la filière.


La notoriété de la fraise du Marché de Phalempin n'est plus à faire. Du moins au Nord de la France où les consommateurs apprécient de plus en plus l'atout fraîcheur du produit ainsi que ses qualités gustatives. Les fruits sont produits de mai à octobre par une cinquante de producteurs tous situés dans un rayon de 40 km autour de Lille, et cultivant soit en hors-sol, soit en pleine terre.
Les adhérents de cette coopérative (implantée à une vingtaine de kilomètres au Sud de la capitale des Flandres et réalisant 75 % de son chiffre d'affaires avec l'endive) n'ont de cesse de mettre en avant le choix judicieux des variétés choisies et le sérieux du contrôle qualitatif permis par une liaison étroite entre chaque producteur, la coopérative et ses différents clients.
Elle est indétrônable !
Tout a commencé en 1988 au sein du marché au cadran de la SIPEV de Cysoing (Nord). C'est encore l'époque du cadran, et la coopérative de Cysoing (qui fusionnera par la suite avec son homologue de Violaines pour créer le Marché de Phalempin) est fortement spécialisée en endives. Pourtant, quelques producteurs y apportent des fraises de pleine terre. Cette année-là, huit producteurs se lancent dans la culture de la fraise en pot sous l'impulsion du technicien Dominique Pryen. Désormais, la renommée de la “fraise de Phalempin” ne fera plus que croître. Parmi les variétés proposées aujourd'hui, on trouve la Darselect, une variété inamovible depuis plus de dix ans. « Mais nous testons de nouvelles variétés chaque année », ajoute Pascal Vittu, qui suit actuellement le produit de l'amont à l'aval dans la coopérative. « Elle est indétrônable dans tous nos circuits », précise celui qui a succédé à Dominique Pryen.
Pas de course aux volumes
L'objectif du Marché de Phalempin est avant tout d'avoir une présence régulière durant toute la période de production et ceci quels que soient les aléas. C'est pour cette raison que la coopérative développe également d'autres variétés parmi lesquelles Annabelle, Charlotte, Cijosée ou Gariguette. Parmi les cinquante et un producteurs qui ont mis 710 t sur le marché l'an passé, treize fournissent de 150 à 200 t de fraises de pleine terre. Le reste est cultivé en “jardin suspendu”, soit en variétés normales pour la pleine saison, soit en variétés remontantes pour allonger la campagne.
Mais face à une concurrence de plus en plus forte, la coopérative se doit de mener des campagnes régulières de promotion. A chaque fois, la notoriété de la fraise de Phalempin est stimulée par des messages passés dans les différents médias régionaux, ainsi que par des animations auprès des restaurateurs et des magasins de proximité.
Mais pas question d'objectifs de production déraisonnables, ni de course aux volumes ! Voulant avant tout préserver son image de fraîcheur et de qualité, la coopérative tient à maîtriser son marché et ses différents circuits de commercialisation.
“Saveurs au Quotidien”
Mais depuis 2005, le Marché de Phalempin assiste au recul de ses débouchés auprès des marchés de proximité en faveur des GMS. C'est pourquoi, en avril 2009, il négocie un tournant stratégique en rachetant une case de 900 m2 au Min de Lille sous la bannière commerciale “Saveurs au Quotidien” visant à rééquilibrer ses différents circuits.
« C'est désormais chose faite », témoigne Pascal Vittu, puisque les 710 t produites ont été valorisées à 55 % en GMS, et le reste vers les circuits détaillants et grossistes. Mais cette implantation offre bien d'autres atouts. Depuis cinq ans, le Marché de Phalempin a gagné en réactivité sur le plan des apports des producteurs comme sur le plan logistique. Sans compter que les producteurs sont désormais au contact direct des opérateurs finaux. « Nous avons rétabli la connexion entre l'amont et l'aval et nos producteurs sont ainsi confrontés aux réalités du marché », constate Pascal Vittu.
En 2013, la coopérative a décidé d'aller encore plus loin en menant des essais de transformation de 5 t de fraises en confiture avec l'entreprise Lucullus de Marly spécialisée dans la production de langues “Lucullus” et de confits. « Une expérience amenée à se développer encore un peu plus cette année », confirme Augustin Motte, son PDG. Ses confitures seront en effet référencées chez Match en avril prochain à la marque Saveurs en'Or.