Vu par la spécialiste
"Associer gènes de résistance à un virus et à son vecteur principal"

Nathalie Boissot est chercheuse à l’Inra en génétique et amélioration des fruits et légumes.
« Nous avons pu montrer grâce à un modèle épidémiologique le bénéfice de l’association dans un même plant de melon des gènes de résistance au virus de la jaunisse des Cucurbitacées (CABYV) et d’un gène de résistance à Aphis gossypii, le principal vecteur de ce virus. Cette association permettrait d’assurer la durabilité de la résistance du melon à cette maladie. Ce résultat est intéressant car nous constatons souvent que la résistance induite par le(s) seul(s) gène(s) de résistance aux virus perd rapidement en efficacité lorsqu’elle est largement déployée dans un bassin de production. Le gène de résistance à A. gossypii, Vat, fait réagir le plant de melon dès qu’un puceron le pique. Il va alors nécroser les cellules piquées par le stylet (organe « piqueur-suceur » du puceron). Les virus comme les potyvirus se trouvent alors emprisonner dans une cellule morte et ne peuvent pas se développer. De la callose et de la lignine vont se déposer sur le trajet du stylet afin qu’il n’atteigne pas le phloème, là où doit être inoculé un virus comme le CABYV. L’Inra a créé du matériel génétique associant gènes de résistance aux virus et gène de résistance à A. gossypii. Ce matériel est mis à disposition des sélectionneurs comme géniteurs. Mais le CABYV, dont les symptômes s’expriment tardivement, n’est pas forcément une cible actuellement pour les sélectionneurs, bien qu’il ait probablement des impacts sur les rendements. Mais nous pensons que cette association de gènes de résistance à un virus et à son vecteur peut s’appliquer à d’autres cas. Les conditions pour que cette résistance globale à un virus soit durable sont que la résistance vecteur concerne le vecteur principal du virus et que le virus soit assez spécifique à une famille botanique ou une espèce. Ces conditions se trouvent souvent pour les virus transmis par les aleurodes comme le virus TYLCV sur tomate ou les virus CVYV et CYSDV sur melon. »