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Arboriculture : la pulvérisation par drone en test

L’utilisation de drone pour les applications phytosanitaires en verger de pommiers est actuellement évaluée par le CTIFL.

Pour une application phytosanitaire efficace, dans un contexte technique, réglementaire et sociétal de plus en plus exigeant, les entreprises et les instituts de recherche et d’expérimentation misent sur plusieurs stratégies. « Il y a l’optimisation des solutions techniques existantes, mais aussi la recherche de solutions alternatives pour le verger de demain », indique Florence Verpont, du CTIFL, lors des Rencontres phytosanitaires fruits en février dernier. La recherche d’alternatives à l’utilisation du pulvérisateur doit permettre de répondre à quatre critères principaux : efficacité agronomique, haute performance environnementale, sécurité de l’opérateur et du consommateur, et facilité de mise en œuvre et d’utilisation.

Trois techniques sont actuellement au stade de l’expérimentation. La pulvérisation fixe sur frondaison, la pulvérisation par drone et la micro-injection dans le tronc. Cette dernière technique est un itinéraire de rupture, elle nécessite une reconception globale de la protection du verger. Les deux autres n’impliquent pas de rupture fondamentale dans le raisonnement de protection du verger.

A lire aussi : Des drones pour surveiller les réseaux d’irrigation dans les vergers

La pulvérisation par drone est travaillée depuis 2019 par le CTIFL dans le cadre du projet FranceAgriMer Pulvedrone. Cette technique n’est actuellement pas autorisée en France car elle correspond du point de vue réglementaire à un traitement aérien. « Mais la loi Egalim autorise à titre dérogatoire, jusqu’en octobre 2021, l’expérimentation de vols de pulvérisation par drone, explique Florence Verpont. Selon le texte de loi, les essais doivent concerner uniquement des produits utilisables en agriculture biologique ou dans le cadre d’une exploitation certifiée HVE, et doivent être mis en œuvre sur des parcelles avec des pentes supérieures à 30 % ».

Deux hauteurs de vol testées

La priorité n°1 de l’expérimentation des drones de pulvérisation concerne les contextes viticoles en pente. Mais les essais ont pu être déclinés en bananeraies et sur vergers de pommiers, pour une première approche en vue d’un déploiement dans des vergers en pente ou sur arbres de grand volume. Après un appel à candidatures, cinq entreprises ont proposé de participer au projet. La société Aerocapture technologie, ayant de l’expérience dans la démoustication par drone, a été sélectionnée. Les essais du CTIFL ont été menés sur des vergers de pommiers (verger adulte, puis jeune verger), sans pente dans un premier temps.

« Le volume théorique retenu est de 60 l/ha, ce qui est très faible par rapport à une pulvérisation classique, comprise généralement entre 250 et 400 l/ha », détaille Florence Verpont. Le drone est équipé de buses à turbulence ATR 80. Deux hauteurs de vol ont été testées, 2 m et 1 m au-dessus de la canopée. Pour l’instant, la hauteur de vol est gérée manuellement. « On arrive à une stabilité et à une répétabilité intéressantes des différents paramètres (débit, trajectoire, vitesse de vol), note Florence Verpont. En revanche, concernant la qualité de pulvérisation, il y a environ deux fois moins de dépôt dans l’arbre avec le drone, avec une variabilité au sein de l’arbre et entre les arbres plus importante par rapport au pulvérisateur classique. » La variabilité au sein de l’arbre est de 79 % avec la pulvérisation par drone contre 50 % pour la référence pulvérisateur, et celle entre les arbres est de 25 % (11 % pour la référence pulvérisateur).

L’autonomie de la batterie, un frein majeur

« On fait le même constat qu’avec la technique Pulvéfix, qui présente le même type de distribution, poursuit Florence Verpont. Les faces inférieures des feuilles sont très peu touchées par le produit appliqué par le drone, alors que les faces supérieures sont touchées en quantité équivalente à la pulvérisation classique ». En plus de ces problèmes d’homogénéité de l’application, la pulvérisation par drone présente encore beaucoup de contraintes pour envisager une utilisation en verger à court terme. Le frein majeur actuel est l’autonomie de la batterie. Enfin, le calibrage nécessite de nombreux réglages. Le projet se poursuit cette année avec l’évaluation de la performance environnementale de la technique, par la mesure de la dérive, avec la même société qui a su optimiser l’appareil pour pouvoir travailler avec un litrage par hectare plus adapté.

Pour en savoir plus : Le replay et les présentations des Rencontres techniques phytosanitaires fruits

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