Arbitrage banane : les réactions
C'est l’ambassadeur du Costa-Rica auprès de l'OMC qui a le premier annoncé la décision des arbitres : “les arbitres ont conclu que le niveau de tarif douanier proposé pour les importations de bananes ne correspond pas avec ses engagements avec l'OMC et ne permet pas aux pays latino-américains de maintenir leur accès au marché” a-t-il déclaré. Dans un communiqué, le gouvernement équatorien a qualifié de “victoire” la décision de l'OMC. Le ministre costaricain du commerce extérieur résumait la position de son pays et de ses alliés : “nous avons toujours dit que nous voulions un tarif le plus bas possible, et qu'en aucun cas il ne saurait être supérieur à 75 E/tonne”.
Du côté européen, la Commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel s'est dite “surprise et déçue”. “Il est regretable que le groupe d’arbitrage n’ait pas profité de cette opportunité pour faire la clarté sur la manière dont cette querelle de longue date aurait pu être résolue” a-t-elle ajoutée. La Commission a annonçait qu’elle “allait étudier minutieusement les implications” de cette décision “avant de décider que faire”.
En France, la réaction la plus virulente vient des producteurs antillais. Dans un communiqué très complet, Eric de Lucy, président de l'Union des groupements regrette une décision “qui ouvre une nouvelle fois la porte à des exigences encore plus grandes du groupe des pays latino américains”. L'Union appelle à la “reconduction à partir du 1er janvier 2006 du système contingentaire”. “la Commission, poursuit Eric de Lucy, ne peut pas prendre l'initiative d'une troisième proposition d'un tarif moins élevé”. L’Union rappelle par ailleurs son inquiétude pour les productions des îles voisines de la Caraïbe.
“Les producteurs antillais de bananes, conclut Eric de Lucy, doivent faire le constat amer que depuis 15 ans aucun des arbitrages rendus sur la banane (...) n’ont été favorables aux producteurs européens, ce qui est la démonstration de la main mise des Etats-Unis sur les instances de l’OMC”.
Du côté du gouvernement, les ministres de l'Agriculture et de l'Outre-Mer déclarent “qu’ils apportent la plus grande attention à la définition de ce nouveau régime tarifaire et qu’ils veillent de façon extrêmement attentive à la prise en compte des intérêts de la production française de bananes”. Ils rappellent que, dans le mémorandum, les pays européens producteurs souhaitent “qu’un nouveau dispositif d’aide compensatoire prenne en compte la situation qui prévaudra avec la mise en place du futur système tarifaire.”