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Changement logistique européen
Après son rachat, Chiquita change de logistique européenne

En Europe, c'est sur le terrain portuaire que se manifestent les premiers effets de la reprise de Chiquita par les brésiliens Cutrale et Safra.

Le 6 janvier dernier, les deux géants brésiliens, Cutrale, leader dans le domaine des jus de fruits, et Safra, important fonds d'investissements, annonçaient le rachat officiel de Chiquita Brands International, au terme d'un véritable marathon financier face à l'européen Fyffes plc (cf. encadré p. 26). Quels sont les premiers impacts de cette reprise ? En tout cas, la France ne devrait pas être concernée par cette évolution. Comme le faisait remarquer Philippe Pons, président-directeur général d'AZ France dans l'édition du 5 novembre 2014 de fld hebdo : « C'est finalement un retour à la case départ. Pour le marché français, la situation ne change pas : Chiquita n'est toujours pas présent et Fyffes dispose d'une place modeste, essentiellement par des ventes en bananes vertes. » Le contexte de l'annonce du rapprochement entre les deux géants de la banane au printemps 2014 avait suscité quelques inquiétudes : faiblesse chronique du dollar face à l'euro (qui n'est plus d'actualité) et baisse régulière des droits d'entrée de la banane dollar sur le marché européen depuis 2009.

Depuis début 2015, la gouvernance du géant américain a fortement évolué : Ed Lonergan a quitté la présidence et la direction générale et a été remplacé provisoirement par Brian Kocher, directeur opérationnel. Celui-ci, en annonçant le 14 janvier la fermeture du siège social de Chiquita à Charlotte (Virginie du Nord), avait expliqué : « Nous entendons organiser les activités autour de trois unités d'affaires distinctes : le pôle “bananes/ananas”, Fresh Express (salades et snacks) et Chiquita Fruit Solutions (purée de bananes, jus d'ananas). » Fin janvier, a été annoncée l'arrivée d'Andrew J. Biles, ancien de Dole Food Company en Europe, et président de l'Association européenne des producteurs et distributeurs de jus de fruits de 2004 à aujourd'hui, en tant que directeur général de la branche bananes et ananas. En creux, une telle nomination montrerait l'intérêt de Cutrale à se diversifier et trouver des relais de croissance à ses activités traditionnelles, frappées par la baisse de la consommation de jus d'orange et des problèmes dans son approvisionnement (lire aussi p. 20).

Important changement logistique

En Europe, le premier effet de la reprise par Cutrale et Safra de Chiquita s'est fait sentir dans le domaine logistique avec l'annonce en janvier du transfert du déchargement des bananes du port d'Anvers en Belgique, après trente-trois ans de présence, vers celui de Vlissingen aux Pays-Bas où l'entreprise néerlandaise Kloosterboer (cf. fld magazine d'avril 2012) est désormais en charge des manutentions à quai. Sur le port, elle dispose d'une capacité de stockage en froid de 1,7 milliard de mètres cubes. La société est déjà bien implantée dans le monde des fruits et légumes, traitant des volumes en provenance d'Afrique du Sud, d'Argentine, du Pérou, du Chili, pour les plus importants pays. « Les navires de Chiquita sont attendus tous les lundis, explique Marco Vermet, de Kloosterboer Vlissingen. Après, avoir déchargé leur cargaison, ils partent pour Bremerhafen, le port de Brême en Allemagne, puis reviennent à Vlissingen pour charger en retour. De cette façon, les bananes seront plus rapidement sur le marché. Au départ du port, les principaux marchés, Allemagne, Benelux, Scandinavie, sont desservis. Le tonnage prévu est de 175 000 palettes par an. »

Chronologie succincte d'une saga financière

10 mars 2014 : Chiquita Brands International et Fyffes plc annoncent leur intention de se rapprocher pour créer un groupe baptisé ChiquitaFyffes pesant 1,07 Md$.

11 août 2014 : les deux géants brésiliens Cutrale et Safra lancent une offre non sollicitée sur Chiquita à 13 $ par action.

10 septembre 2014 : Chiquita signe à un accord de confidentialité avec Cutrale et Safra, similaire à celui le liant à Fyffes plc.

26 septembre 2014 : Chiquita et Fyffes font une nouvelle proposition aux actionnaires. • 3 octobre 2014 : la Commission européenne donne son feu vert à la fusion entre Fyffes plc et Chiquita Brands International.

17 octobre 2014 : Cutrale et Safra portent leur offre à 14 $ par action. Chiquita se prononce en faveur de l'option Fyffes.

24 octobre 2014 : Cutrale et Safra portent leur proposition à 14,50 $ l'action. Les actionnaires de Chiquita choisissent cette offre au détriment de celle de Fyffes. Celui-ci annonce la rupture de l'accord avec Chiquita.

Le 6 janvier 2015 : Cutrale et Safra annoncent leur reprise officielle de Chiquita Brands International.

Sur Anvers, Chiquita utilisait les capacités de BNFW (Belgium New Fruit Wharf/Nouveau terminal fruitier de Belgique) géré par Sea-Invest, et qui propose plus de 75 000 m2 dédiés à la banane, l'ananas et autres exotiques. Kloosterboer n'est pas inquiet sur ce point. « Nos entrepôts frigorifiques sont parfaitement adaptés pour accueillir le flux de Chiquita, précise Marco Vermet. Pour l'instant, nous n'avons pas de projets d'extension sur ce point. En revanche, nous en avons pour développer notre parc éolien qui passera dans l'année d'une à quatre turbines. » L'énergie utilisée par le site de Kloosterboer à Vlissingen est en effet fournie par ce moyen. C'est d'ailleurs une des raisons avancées par Chiquita pour son choix.

La proximité entre les deux ports (entre deux à quatre heures en termes d'escale) pose forcément la question de son choix pour le port néerlandais. Pour Marco Vermet, « le temps économisé en faisant escale à Vlissingen ne permet pas seulement d'économiser du fuel mais aussi d'avoir une rotation efficace des navires entre Sheerness (Royaume-Uni) le dimanche, Vlissingen le lundi, Brême le mercredi et de nouveau Vlissingen le jeudi. Cela permet aux bananes de gagner entre deux et quatre jours de durée de vie. »

En tout état de cause, la décision a fait l'objet d'une polémique dans les journaux du Benelux entre le responsable de BNFW, Johan Claes, doutant fortement de l'argument environnemental avancé par Franklin Ginus, directeur de Chiquita Benelux. Certains élus anversois ont pour leur part avancé le manque de flexibilité dans l'organisation du travail sur la place portuaire comme explication. En tout état de cause, c'est un coup dur pour le port flamand qui perd environ 20 % de son chiffre d'affaires en bananes. Celles-ci représentent la moitié des 1,7 million d'euros assurés par le transbordement de fruits.

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