Conjoncture
Après le rouge, les salades d'hiver sont passées dans le noir
Les participants à la Journée nationale salade du CTIFL à Balandran en décembre avaient mis en exergue tout l'impact de la climatologie. L'hiver 2015-2016 corrobore le postulat.
Selon des spécialistes, c'est une situation inédite depuis une vingtaine d'années que connaît la salade d'hiver. En situation de crise conjoncturelle depuis le 18 novembre, les dégâts financiers sont considérables. Ils obèrent la seconde partie de campagne salade dans le grand Sud et pourraient compromettre les plantations de légumes de printemps, faute de trésorerie.
Le marasme est venu de la météo
Un hiver trop doux – donc de nombreuses régions encore en production dont l'Allemagne et la Suisse, traditionnelles destinations d'export – a produit une avance record des plannings de production. Avec en moyenne quinze jours d'avance, les volumes de salades prévus pour Noël, un grand moment de consommation, sont arrivés en milieu de mois et sont venus s'additionner aux méventes précédentes. S'ajoute à cela, une diminution de la consommation à domicile et celle hors foyer, liée à la situation ambiante, avec une baisse de fréquentation des restaurants et donc un report de l'approvisionnement des usines IVe gamme qui n'ont pas toutes honoré les contrats, sur le marché du frais. En Provence, le RNM fait allusion au pire de la crise, à des ventes entre 0,07 à 0,15 €/tête pour certaines variétés. En semaine 1, la moyenne était de 0,30 €, pour l'ensemble de la gamme.
Les volumes de salades prévus pour Noël, un grand moment de consommation, sont arrivés en milieu de mois.
Dans les Pyrénées-Orientales, le marché a été affecté très tôt, amplifié par la concurrence du Portugal qui a proposé des gammes similaires à la région. D'où des destructions de plantations en cours d'évaluation par la Chambre d'agriculture afin de les présenter au préfet, rencontré fin décembre, pour une demande d'aide. Il est très probable que dans ce département les replantations aient été moins nombreuses et que le manque de marchandises devrait se faire sentir en janvier et février. Idem dans le Sud-Est, même si les avis sont divergents.
Dans tous les cas, la météo à venir (du froid sur les salades bien avancées) devrait engendrer des problèmes de qualité. Une question a été posée jeudi lors de la réunion Interfel : si les volumes sont moindres, les enseignes accepteront-elles de payer plus ?